Publié en 1859 avec « Les Sept Vieillards » sous le titre de « fantômes parisiens », ce poème dédié à Victor Hugo s'inscrit dans la poétique et l'esthétique de la modernité qui s'invite chez Baudelaire à la fin des années 1850. Saisies dans leur mouvement par le regard du poète, « Les Petites Vieilles » apparaissent comme des fantômes, des vestiges d'un Paris qui n'est plus, d'un temps révolu. Les neuf premiers quatrains de ce long poème illustrent la confrontation entre le respect de la tradition classique et une tendance à l'innovation, entre le Paris qui n'est plus et le nouveau Paris, entre l'écriture de la plate réalité et le dépassement de cette plate réalité, entre un mouvement de détachement du poète et un élan d'adhésion qui frôle la compassion. Le deuxième vers illustre à lui seul cette démarche littéraire. La poésie devient ce lieu « où tout même l'horreur tourne aux enchantements ». Aux vues de la forme, il s'agit bien d'un poème mais en ce qui concerne le fond, en marquant une rupture avec les traditions, le lecteur peut voir ici un rapprochement avec la prose. Charles Baudelaire bouleverse le paysage littéraire de son temps pour imposer une nouvelle coloration, une nouvelle inspiration à la poésie. Il serait intéressant de voir comment le poème passe d'une peinture de la vie quotidienne à une évocation du mystère des êtres.
[...] En réalité la poésie s'ouvre devant de nouveaux horizons. Le poète ne fuit pas la poésie mais il suit du regard des êtres de fuite. Nombreuses sont les femmes qui ont inspiré Charles Baudelaire mais ici tout est différent. Il ne connaît pas ces femmes, mais il tente de reconnaître ce qui fait d'elle des êtres singuliers (vers 4). Si il y a une action ici, elle est orchestrée par ces petites vieilles. Les verbes tels que rampent vers trottent au vers 13, se traînent au vers 14, s'en va au vers 28 stipulent qu'elles sont en mouvement. [...]
[...] Les petites vieilles sont directement associées à la mort, comme si seule celle-ci était leur destinée et que leur existence n'était d'ores et déjà plus importante. Ainsi à la vue de ces êtres, Baudelaire entame toute une réflexion sur les conditions de leur fin de vie. La forme de la boîte au vers 32, est le sujet de réflexion de ces derniers quatrains. Cette confrontation visuelle est de l'ordre du grotesque, mais le poète vacille entre dédain et compassion. En atteignant la compassion, il permet aux lecteurs d'être sensibles. [...]
[...] la question rhétorique (ou oratoire) rend le texte plus vivant mais aussi le lecteur plus présent grâce au dialogue qu'elle feint d'instaurer. Ce témoignage apparaît alors comme véridique. Il est une transposition du réel sous la forme d'un poème. Les Petites Vieilles est formellement un poème mais l'est-il strictement? La confusion a lieu d'être puisque dans ces quelques quatrains, plusieurs indices laissent croire qu'il s'agit d'un texte en prose. Ce balancement entre la prose et la poésie correspond au va-et-vient entre la description et la narration. [...]
[...] Baudelaire, Les petites vieilles : commentaire composé des neuf premiers quatrains Comment le poème passe d'une peinture de la vie quotidienne à une évocation du mystère des êtres? la transposition d'une réalité: entre prosaïsme et réalité: le poète:le témoin qui interpelle: l'alliance de la description et de la narration:entre prose et poésie: les petites vieilles:des êtres de fuite: II) l'évocation du mystère des êtres par le dépassement de la plate réalité:une coloration spirituelle: hésitation entre réel et imaginaire:le mystère: les signes d'une modernité: un nouveau sujet poétique:la poétisation de la précarité: Publié en 1859 avec Les Sept Vieillards sous le titre de fantômes parisiens ce poème dédié à Victor Hugo s'inscrit dans la poétique et l'esthétique de la modernité qui s'invite chez Baudelaire à la fin des années 1850. [...]
[...] Ici nous sommes loin du Paris flamboyant, loin des artifices, loin de la luxure et c'est en cela qu'il y a une parfaite adéquation entre le fond et la forme. Ce tableau est sombre tout comme la vie de ces femmes l'est aussi. Pour tourner l'univers sombre en enchantement, il sensibilise le lecteur sur la précarité de ces personnes, mais il émet aussi des rapprochements inattendus pour renverser la tendance de dédain à l'égard de ces femmes. L'antithèse décrépits et charmants vers 4 exprime ce contraste, cette vision contrastée du poète à l'égard de ces femmes. Comment ce contraste peut-il être possible? [...]
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