Ce poème se trouve à la fin de « Spleen et Idéal » dans les Fleurs du Mal écrit par Baudelaire. Il est précédé de trois poèmes ayant le même titre « Spleen ». C'est en effet le dernier des quatre Spleen et peut-être le plus terrible et le plus angoissant. Baudelaire a fait pénétrer durant ces quatre poèmes son lecteur dans le gouffre noir du Spleen qui arrive au terme de cette section, à travers ce dernier poème, à la victoire du Spleen.
Le poème reprend les images et les obsessions des poèmes précédents (le cri, la pluie, la prison, l'ennui, le bestiaire immonde) et les organise dans cinq quatrains qui vont crescendo jusqu'à la chute « Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. » (Apogée du désespoir). Les trois premiers quatrains dessinent un monde gris et étouffant alors que la quatrième strophe montre une ultime tentative d'élévation à travers l'image de la cloche. Tentative vaine puisque le cinquième quatrain, la chute, montre le renoncement du poète et la défaite de l'Espoir.
Nous nous demanderons comment Baudelaire nous fait une description intense et presque symptomatique du Spleen et de ses effets sur le corps et sur l'âme. Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps cette mise en valeur du Spleen à travers l'accablement physique et moral que celui-ci crée. Puis, dans une deuxième partie nous mettrons en lumière la façon dont Baudelaire nous présente le Spleen comme un ennemi.
[...] C'est donc bien le Spleen qui sort vainqueur ici. Ainsi, tout ce que le poète apprécie disparaît, c'est une fin proche et annoncée qui se dessine ici. Le macabre enterrement : La dernière strophe est une sorte d'enterrement macabre qui pourrait être le sien. En effet, son concept des synesthésies cher à Baudelaire consistant à ce que " Les parfums, les couleurs et les sons se répondent " est ici totalement mis à l'écart. Ce macabre enterrement est ainsi sans parfums, sans couleur de par le côté sombre, et sans " tambours ni musique Seuls subsistent les bruits de " cloches en furie mais qui connotent le moment apocalyptique. [...]
[...] Ainsi, pour traduire le " Mal de vivre le poète a exprimé la déchéance humaine à travers un décor macabre triste, cloîtré, angoissant et lent. C'est la description de l'état du Spleen, d'autant plus dure que le salut est absent. L'Homme est condamné à rester dans cet état. Cette dureté justifie le travail poétique plus fort, car seule la poésie peut transcender ses barreaux. Ce texte construit d'un bloc sur une métaphore illustre parfaitement le symbolisme et les sentiments qu'affectionnait Baudelaire. Ce style recherché fera de lui une référence et un initiateur du genre. [...]
[...] Douleurs insupportables : Ces douleurs semblent être intolérables et pénibles. Les hyperboles utilisées amplifient la souffrance. Nous retrouvons ainsi une certaine emphase exprimant une grande affliction. On nous parle ainsi de ses immenses traînées D'une vaste prison d'« un affreux hurlement ou encore de geindre opiniâtrement (v16). L'emploi du pluriel au vers 2 Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis met également en valeur cette idée de souffrance excessive. Enfin, la répétition de la couleur noir au vers 4 et au vers 20 met en relief ces tourments et ces chagrins insupportables. [...]
[...] On est alors touché par la lourdeur Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle vers et par l'humidité Quand la terre est changée en un cachot humide (cers 5). Enfin, le spleen est semblable à un coup que l'on se prendrait sur la tête : Baudelaire écrit en effet au vers 8 Et se cognant la tête à des plafonds pourris Malaises morales : Le spleen affecte également l'âme. On parle ainsi de cri et d'« affreux hurlement (vers 14). [...]
[...] Le premier quatrain met en évidence une comparaison du ciel avec un couvercle symbolisant par là que le ciel est un cercueil. Cette idée est par ailleurs associée à l'image du ciel semblable à un plafond où l'on "se cogne la tête à des plafonds pourris Le troisième quatrain met en évidence l'image des filets étendus au fond des cerveaux. On a ainsi l'impression que l'espace est borné vers le haut. Nous remarquerons que seul les cloches (vers 13) tentent une échappée vers le ciel C'est toutefois une tentative qui échoue puisqu'elles mènent vers un affreux hurlement Les images verticales symbolisant l'emprisonnement: Nous retrouvons également des images verticales à travers notamment des murs (vers et des barreaux (vers 10. [...]
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