Fiche de lecture sur un ouvrage récent de l'historien Jean Baubérot, ouvrage intitulé "La laïcité 1905-2005 entre passion et raison". Ce fondateur de la sociologie de la laïcité se pose ici la question de savoir si cette dernière est une exception française.
[...] La Laïque a duré près d'un siècle, mais elle porte en elle de nombreuses scories : dualisme scolaire opposant jeunesse de l'élite et du peuple, conflit école publique école privée, caractère non mixte Plusieurs réformes vont permettre une évolution de fond : de la loi Debré de 1959 qui reconnaît l'école privée, à la réforme Haby de 1975 qui instaure une école démocratique de masse. La Laïque se laïcise encore davantage. La laïcité : une sphère de liberté de conscience où tous les particularismes sont tolérés, voilà comment l'école réformée définit la laïcité. A mille lieues de l'idée que Combes s'en faisait. La médecine, comme institution de socialisation, entre aussi de plein pied dans le processus de laïcisation. [...]
[...] La loi de 1905 marque la défaite de l'idée de nation catholique mais aussi celle d'une religion civile républicaine. Elle devient dès ce moment une laïcité inclusive. L'espace social se scinde ; une sphère publique neutre à l'égard des religions côtoie une sphère privée où celles-ci peuvent s'exprimer. La présence du religieux dans cette sphère publique n'est donc plus que de l'ordre de l'associatif et non plus de l'institutionnel. Dans un deuxième temps, la morale laïque, par le biais de l'école primaire, façonne l'individu ; elle l'investit d'une dette contractée envers les ancêtres c'est l'idée de solidarité. [...]
[...] Le manque de rigueur scientifique de la commission et le peu de temps peuvent l'expliquer. Mais Baubérot craint un développement du conformisme de la pensée correcte au sein de notre société ; douceur d'un totalitarisme de l'extrême centre (p.271), chose que la commission ne contredit pas, loin de là Enfin je ne terminerai pas sans donner mes impressions après cette lecture. N'étant pas spécialiste de la question je n'irai pas à l'encontre des propos de Baubérot, bien qu'à certains moments son discours paraît trop technique, mais en tant que citoyen je trouve sa démarche tout à fait justifiée, voire nécessaire. [...]
[...] Jacques Chirac, Président de la République. Elle a rendu ses conclusions le 11 décembre 2003. Avant de poursuivre, arrêtons-nous quelques instants sur la biographie de Jean Baubérot. Né en 1941, Jean Baubérot est un historien et sociologue français spécialiste de la sociologie des religions et fondateur de la sociologie de la laïcité. Après une thèse sur le Protestantisme face à la laïcisation de la société française, il occupe la chaire d' Histoire et sociologie du protestantisme (1978-1990). Depuis 1991, il est titulaire de la seule chaire en France consacrée à la Laïcité à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (Sorbonne) dont il est président d'honneur. [...]
[...] La laïcisation représente tout d'abord l'affaiblissement voire la disparition du religieux comme caractère de l'identité nationale. Cependant, dans une première phase de laïcisation (allant de la Révolution Française à 1905), l'identité nationale est teintée de religion civile. Baubérot en veut pour preuve le conflit des deux France : deux visions opposées de la nation se font face ; ceux pour qui la France ne peut être que catholique face à ceux que nous appellerons anticléricaux. En somme deux religions civiles s'affrontent. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture