Un barrage contre le Pacifique, Marguerite Duras, procédés littéraires, la désillusion coloniale, indigènes
Créole, Marguerite Donnadieu voit le jour au printemps 1914 en Indochine française dans la banlieue Nord de Gia Dinh, Saïgon, qu'elle quittera à l'âge de cinq ans, à l'occasion du décès de son père, Emile Donnadieu. Elle obtient son baccalauréat en 1932, à la suite duquel elle s'installera en France pour commencer ses études universitaires. C'est en 1943 que nait Marguerite Duras, pseudonyme qui lui servira à publier son premier ouvrage, Les impudents.
[...] La perspective d'un mariage autorise l'invité pourtant dégouté par la mère et Joseph à rendre souvent visite à Suzanne. L'ayant compris, Mr Jo utilisera sa fortune comme appât et offre de nombreux cadeaux à Suzanne qui ne montre cependant que très peu d'intérêt pour sa personne. Mr Jo, désespéré, offre un diamant à la jeune fille afin qu'elle l'accompagne à Ram pendant une semaine. Cet événement marque le rejet définitif de Mr Jo par la mère et Joseph qui l'interdissent de les recontacter. [...]
[...] Le lecteur attend l'action aussi impatiemment que les protagonistes ennuyés par ce décor dépouillé qu'est la plaine. Les descriptions, habituel espace de rêverie et d'imagination deviennent presque redoutées par le lecteur, fatigué de constater un espace rongé par la souffrance. Un rythme tout aussi fatigué que la mère l'est de sa situation et du désir de fuite de ses enfants. En somme un temps long, presque au jour le jour qui explique la spontanéité rare de certains évènements et du langage. En effet le registre de langue est lui aussi fidèle au contexte. [...]
[...] Familier, parfois violent et vulgaire il retrace la spontanéité des dialogues. Les personnages s'expriment brièvement, comme si il n'y avait que peu à dire, que leur quotidien ne permettait pas le discours ou que ce dernier était nécessairement douloureux. Même lorsque la situation est heureuse, le discours est répétitif, chaque personnage rajoute une proposition sans enrichir la parole. Enfin la situation familiale ne s'améliore pas. Chaque espoir est suivi d'une défaite : l'écroulement des barrages, la laideur insistante de Mr Jo, le crapaud du diamant ou la naïveté de la mère. [...]
[...] Une œuvre dense, qui lui assurera une certaine postérité à partir de la fin des années 1960, ainsi que le prix Goncourt en 1984 pour son roman L'Amant. Une œuvre à l'image des glaces de Versailles : un reflet autobiographique déformé, fuyant. Un barrage contre le Pacifique : Marguerite Duras divorce en 1947 de son premier époux, Robert Antelme. Elle épousera la même année Dionys Mascolo qui lui donnera son deuxième enfant, Jean. L'écriture de ce roman inspiré de son enfance - intervient pendant l'éducation de son fils en bas âge. [...]
[...] La pauvreté, un système administratif corrompus, tels sont les legs de la colonisation dans Un barrage contre le Pacifique. Un système qui brise les vies humaines, qui ne permet même pas l'espoir. En effet à la fin du roman, la situation est la même. Le système du cadastre a gagné, la mère est morte presque en vain, à essayer d'améliorer un environnement que seule la musique leur permettait de supporter et qui restait pourtant aux yeux de la mère, un luxe impropre à sa misère. [...]
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