Ce roman a été écrit par Marguerite Duras (1914-1996) et il porte le nom de Un barrage contre le Pacifique. L'écriture commence en 1947 et il parait en juin 1950 soit au milieu de la guerre d'Indochine. Cette guerre qui commence en 1946 et qui dure jusqu'à 1954 oppose la France aux indépendantistes locaux. Ce roman provient donc d'un contexte historique difficile : la France sort également de la Seconde Guerre mondiale et voit la mise à jour de ses ignominies (camp de la mort...). Vis-à-vis de l'oeuvre de Marguerite Duras, ce roman s'inscrit dans ses premiers écrits : son troisième roman et bien avant ses pas dans le théâtre et le cinéma. Il est difficile d'apparenter Un barrage contre le Pacifique à un mouvement précis. Ce roman est de nature autobiographique (expérience de la vie de Duras : enfance en Indochine française) et il a l'apparence d'un roman réaliste (réalité historique et sociale de la colonie) de facture plutôt classique (mais modernité due à l'utilisation importante du dialogue et à la prépondérance de la dramatisation du récit) (...)
[...] Plusieurs thèmes y sont développés comme celui des relations dans la cellule familiale mais également celui du désir ou encore de l'obstination face à l'adversité (le Pacifique, l'administration corrompue, le crapaud Le monde du roman : La fiction se déroule dans la fin des années vingt soit vingt ans avant la rédaction du livre. C'était dans ces années là que Marguerite Duras a connu l'Indochine lorsqu'elle était enfant (elle naquit le 4 avril 1914 en Indochine). On trouve trois personnages principaux. [...]
[...] Commentaire vis-à vis du film de Rithy Panh : Cette adaptation cinématographique permet une visualisation concrète des paysages de l'Indochine et je trouve cela très beau et réussi. De plus le casting est plutôt bon et conforme aux descriptions de Marguerite Duras. Mais ce qui m'a le plus gêné est le manque de profondeur dans les sentiments, dans la psychologie des personnages et les libertés du réalisateur avec le scénario. En effet, dans le film, la construction des barrages est incorporée à l'histoire. [...]
[...] Du riz de merde, dit Joseph en riant de nouveau, ce serait mieux que pas de riz du tout . Il alluma une cigarette. M. Jo sortit un paquet de 555 de sa poche et en offrit à Suzanne et à la mère. La mère, sans rire, écoutait passionnément Joseph. Quand on l'a acheté, on a cru qu'on serait millionnaires dans l'année, continua Joseph. On a fait le bungalow et on a attendu que ça pousse. Ça commence toujours par pousser, dit Suzanne. Puis la merde est montée, dit Joseph. Alors on a fait ces barrages . [...]
[...] Toujours aussi patient, M. Jo se désintéressait de la marche du crabe et dévisageait Suzanne qui, la tête levée, les yeux pleins de larmes, riait. Vous êtes drôles, dit M. Jo, vous êtes formidables. II battait la mesure du fox que l'on jouait, peut-être pour inciter Suzanne à danser. Il n'y en a pas deux, d'histoires comme celle de nos barrages, dit Joseph. On avait pensé à tout mais pas à ces crabes. On leur a coupé la route, dit Suzanne. [...]
[...] La mère cessa de rire et redevint tout à coup très sérieuse. Tais-toi, dit-elle à Suzanne, ou je te fous une gifle. M. Jo sursauta mais il fut le seul. C'est de la merde, parfaitement, dit Joseph, de la merde ou de la flotte, c'est comme vous voudrez. Et nous on est là à attendre comme des cons que la merde se retire. Ça arrivera certainement un jour, dit Suzanne. Dans cinq cents ans, dit Joseph, mais nous on a le temps . [...]
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