Un balcon en forêt, publié en 1958, est un récit poétique mêlant des éléments autobiographiques dans un cadre réaliste qui est celui de la Seconde Guerre mondiale. Mobilisé en tant que Louis Poirier dans l'infanterie dès le mois d'août 1939, c'est l'écrivain Julien Gracq qui s'inspire de cette atmosphère de guerre déclarée mais dont la menace reste lointaine et vague, pour produire un récit de l'attente, anxieuse mais aussi exaltée, et propice à la déambulation onirique. L'univers de la fiction permet de faire passer l'individu au premier plan : Grange, délesté de ses obligations militaires, va dans ce temps suspendu de la « drôle de guerre » être entrainé dans une logique du songe, bien éloignée de la réalité de l'Histoire.
[...] 224-225 Ibid, p. 24-25 Ibid, p Ibid, p Ibid, p Ibid, p. [...]
[...] Un balcon en forêt manifeste ainsi transformation notable de l'esthétique de Gracq : ayant suscité de vives critiques à sa publication pour son aspect trop réaliste, le récit n'en est pas moins emprunt d'élans poétiques et d'onirisme, permettant ainsi une écriture de la guerre comme une oscillation entre un témoignage historique, mais surtout comme une expérience intérieure, détachée du réel objectif et dans laquelle la réflexion cède devant la puissance des sensations. Bibliographie On utilisera l'abréviation BF pour désigner l'ouvrage de Julien Gracq, Un balcon en forêt. Corpus d'étude GRACQ Un balcon en forêt (1958), Paris, José Corti Corpus critique GERVAIS (M.-A.) et BIKIALO Julien Gracq, Un balcon en forêt / La Presqu'île, Atlande, Paris GRACQ Entretiens, José Corti Paris. BF, p Ibid, p Ibid, p Ibid, p. 125-126 Ibid, p. 153-154 Ibid, p Ibid, p. [...]
[...] Ainsi, c'est dans une sorte de promenade rêveuse, d'attente exaltée que Grange se complait. Ces instants d'ivresse sont peu nombreux, mais on sent une réelle plénitude chez le lieutenant, ravi d'être isolé du reste du monde : avec un frisson de plaisir, il se voyait reclus aux Falizes, enfermé dans son alpe auprès du poêle rouge, bloqué de longs jours dans la forêt de conte de Noël 50). Il pousse même la rêverie au point d'occulter la guerre et de vouloir établir domicile dans la région, avec Mona comme si le temps était à jamais suspendu, comme si le présent ressenti était bien plus important que le présent de l'Histoire : Assis, désœuvré, à la petite table de vannerie de sa chambre gaie et claire qui donnait sur les peupliers de la Vienne, il retombait dans une de ses rêveries préférées du Toit. [...]
[...] Ainsi, il semble impossible pour Grange et ses hommes de se faire à l'idée d'un affrontement proche. Renforcé dans ce sentiment par son isolement, Grange va petit à petit décrocher définitivement de la réalité et se construire un ensemble d'idées rassurantes contre la guerre : Meuse ! pensa-t-il tout à coup. Qu'est-ce qui se passe sur la Meuse ? Sûrement les Allemands sont maintenant plus loin que Moriarmé La guerre, dans son imagination, continuait sur sa lancée, au train enragé de la cavalerie en déroute. [...]
[...] De même, on retrouve cette idée souvent développée sur le mode de l'irréalité : en effet, le souhait magique qu'on les eût oubliés là pour longtemps pour toujours 109) est bien présent dans l'esprit de Grange, bien que cela soit évidemment une chose improbable. On note que le vocabulaire choisit pour exprimer cette envie est celui de la magie, donc de ce qui ne relève pas de la réalité, ce qui, dans le contexte de la guerre, créé un contraste qui permet le surgissement de l'image poétique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture