Cette pièce de théâtre ressemble bien au Musset que je me représentais après une lecture précise et fouillée de Lorenzaccio. Ah bon, direz-vous, et quel rapport? Au point de vue de ses motivations, de ses sources d'inspiration, de son amertume et de son expérience de la vie, Musset me semble avoir le mieux protesté contre la réalité dans son monde imaginaire. Avec pour titre d'une pièce un : On ne badine pas avec l'amour, très impersonnel, et donc universel, suivi de cette mention : Proverbe, on ne peut que constater la force et le tour que prennent alors les conseils donnés au travers d'une simple histoire de fiction. Simple, mais si réelle et vraisemblable! Et c'est parce qu'elle fait intervenir des personnages courants (de son époque, je m'entends) qu'elle touche.
[...] Un autre est de montrer comment l'on peut arriver à ce genre de situation (peut-être pour pouvoir l'éviter): tout naît d'un conflit d'intérêts. Le baron veut épouser sa nièce et son fils. Le fils ne dirait pas non, mais a de l'orgueil, et la nièce, ayant de l'orgueil, ne dit pas oui. Difficile à cerner, cette nièce, d'ailleurs! Plus que Perdican, oh oui! C'est peut-être l'attitude de Perdican sur laquelle Musset s'étend le plus (la connaissant peut-être mieux aussi), mais, ce faisant, et détaillant les causes, il parvient, sous certains points, à la légitimer. [...]
[...] Perdican, doué d'une certaine expérience, y répond à sa manière. C'est le début d'une idylle. Mais Camille se la cache à elle-même. Finalement, interceptant une lettre de Camille à sa soeur du couvent, dans laquelle Camille déplore Perdican, et le chagrin d'amour qu'elle va lui causer, Perdican est piqué dans son orgeuil et entreprend une vengeance: montrer à Camille qu'il aime une modeste paysanne, Rosette. Le stratagème fonctionne: Camille rappelle Perdican, lui avoue son amour. Ils réalisent qu'ils sont faits l'un pour l'autre, et c'est à ce moment qu'un cri retentit: Rosette vient de succomber aux propos qu'elle a surpris. [...]
[...] Je ne sais pas, l'intuition. Parfois, Perdican argumente comme le ferait Musset, à moins que ce ne soit un trompe-l'oeil - mais cela m'étonnerait. Exemple: mon Dieu, le bonheur est une perle si rare de cet océan d'ici-bas!»(III, ou voudrais bien savoir si je suis amoureux» (III, ou bien, ce qui m'a le plus marqué: mon enfant! Sais-tu les rêves de ces femmes, qui te disent de ne pas rêver?»(II, 5). Je déteste avoir à interpréter une oeuvre en dehors des informations fournies par l'oeuvre elle-même, je pense que les ouvrages d'un auteur devraient avoir un sens indépendamment de leur auteur (sinon, étudions tout bonnement les biographies de tout un chacun!), mais ce procédé semble parfois incontournable, ou s'avère riche en suppléments. [...]
[...] "On ne badine avec l'amour", Alfred de Musset Personnages LE BARON PERDICAN, son fils MAITRE BLAZIUS, gouverneur de Perdican MAITRE BRIDAINE, curé CAMILLE, nièce du baron DAME PLUCHE, sa gouvernante ROSETTE, soeur de lait de Camille Paysans, valets, etc. I. Introduction et notes personnelles Cette pièce de théâtre ressemble bien au Musset que je me représentais après une lecture précise et fouillée de Lorenzaccio. Ah bon, direz-vous, et quel rapport? Au point de vue de ses motivations, de ses sources d'inspiration, de son amertume et de son expérience de la vie, Musset me semble avoir le mieux protesté contre la réalité dans son monde imaginaire. [...]
[...] Il ne comprend pas, Musset non plus d'ailleurs. Ce que j'ai beaucoup aimé, toutefois, c'est que Musset donne quand même un bénéfice du doute, quand il prête ces paroles à Camille: «Connaissez-vous le coeur des femmes, Perdican? Êtes-vous sûr de leur inconstance, et savez-vous si elles changent réellement de pensée en changeant de langage. (III,5) Mais, et ce n'est qu'un avis personnel, si Musset fait semblant de comprendre les femmes, il ne les excuse pas pour autant. D'où l'attitude ambiguë de Camille. [...]
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