Ce roman d'Ismail Kadaré révèle les sombres mécanismes de la vendetta dans la région du Rrafsh en Albanie au début du XXème siècle. Deux histoires sont en fait croisées, celle d'un jeune homme, Gjorg, qui vient de venger son frère et qui est donc lui-même confronté à une mort proche selon les termes du « Kanun », ce code qui réglemente les crimes de sang, et puis celle d'un jeune couple de Tirana qui en est voyage de noce dans cette région d'Albanie afin d'étudier cette vendetta.
La question que l'on peut se poser tout au long de cet ouvrage, cet axe majeur qu'il convient d'étudier est le suivant : peut-on considérer la vendetta comme une forme évoluée, avancée, de vengeance ?
Définition vendetta : dans certaines régions méditerranéennes, poursuite de la vengeance d'une offense ou d'un meurtre, qui se transmet à tous les parents de la victime.
[...] -une trêve de 24 heures juste après le meurtre, puis la reprise du sang peut être demandée à la famille en deuil. -Gjorg est tenu d'être présent lors de la marche et du repas funèbres. -existence d'un impôt dit du sang à payer à la kulla d'Orosh après l'homicide. Une blessure, si elle n'est pas indemnisée, compte pour un demi- sang. Un médecin que Bessian et Diane, le couple venu de Tirana, a raison de souligner A notre époque, le sang, comme tout le reste a été transformé en marchandise P 193. [...]
[...] Finalement le Kanun calcule froidement P 118. Ainsi, le sang est vengé par le sang, tout crime perpétré par un clan donne lieu à une réplique dans le camp inverse compte tenu de l'importance accordée à l'honneur. Gjorg a donc le devoir de tuer son frère pour sauver l'honneur de sa famille. Tu tardes beaucoup trop, Gjorg, reprit son père. Notre honneur mais surtout le tien P 46 L'honneur se place réellement au dessus de tout le reste : Les châtiments que son père pouvait lui infliger pour des fautes diverses n'étaient rien devant le risque de perdre l'honneur P 46 II. [...]
[...] vous ne voyez pas que c'est une beauté qui tue P 195 La vendetta est une pratique bien trop horrible, bien trop sanglante pour être considérée comme une forme évoluée de vengeance. Et, puis comment pourrait-on parler de forme évoluée de vengeance ? La dureté et l'absurdité de la loi du Kanun rappellent en fin de compte toute l'incohérence de la vendetta. C'est un véritable cercle vicieux qui détruit tout sans fin. Le sang est vengé par le sang, et les acteurs de la vendetta sont de réelles victimes. [...]
[...] A la fin du roman, lorsque Gjorg est tué, c'est lui-même qu'il voit partir, comme lorsqu'il avait tué le meurtrier de son frère un mois auparavant. C'est certainement qu'il se sent victime de ce système absurde et qu'il pense que celui qui vient de lui tirer dessus est aussi une simple victime. Même le jeune couple ne ressort pas indemne de ce règne de la mort Diane, choquée au plus profond de son être, a en quelque sorte perdu sa joie, sa vie, son existence. [...]
[...] Avril Brisé, Ismail Kadaré Ce roman d'Ismail Kadaré révèle les sombres mécanismes de la vendetta dans la région du Rrafsh en Albanie au début du XXème siècle. Deux histoires sont en fait croisées, celle d'un jeune homme, Gjorg, qui vient de venger son frère et qui est donc lui-même confronté à une mort proche selon les termes du Kanun ce code qui réglemente les crimes de sang, et puis celle d'un jeune couple de Tirana qui en est voyage de noce dans cette région d'Albanie afin d'étudier cette vendetta. [...]
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