Dans cet extrait, nous sommes au début de l'acte 2 de la pièce En attendant Godot de Samuel Beckett. Durant l'acte 1, nous avons découvert les deux personnages principaux : Vladimir et Estragon. Nous retrouvons dans cet extrait ces mêmes protagonistes. Le second acte ressemble étrangement au premier. L'action se déroule le lendemain au même endroit et à la même heure. Quelques changements sont pourtant perceptibles. L'arbre compte maintenant quelques feuilles. Vladimir et Estragon viennent de se retrouver et Vladimir vient de rappeler à son compagnon la raison de leur présence. La conversation prend alors prétexte l'arbre, unique modification du quotidien. Aussi, alors que Vladimir remarque la métamorphose, Estragon, quant à lui, refuse ce changement. Selon lui, tout est toujours pareil. On assiste alors à un « mini conflit » : en effet, l'un veut convaincre l'autre que le temps passe. Cette dispute aboutit toutefois à un accord : les deux protagonistes se rendent compte de la mort à venir et mettent en lumière l'incontrôlable besoin de parler pour ne pas y penser.
Cet extrait met donc en scène un moment de crise qui montre une vision désespérée de la condition humaine. Nous verrons ainsi dans un premier temps dans quelle mesure il y a une certaine crise des personnages. Enfin, nous mettrons en valeur la crise du langage qui ressort de ce dialogue.
[...] Conclusion La pièce commence un soir, référence ironique à la règle des trois unités (de temps, de lieu et d'action) qui, à l'époque classique, prévoyait que l'action devait débuter le matin, s'étaler sur toute la journée pour finir le soir. Or la pièce de Beckett, comme le début de cet extrait débute le soir, ce qui, dès le départ, dit clairement qu'il ne se passera rien. L'inaction que l'on retrouve tout au long de la scène est donc présente dès le départ. L'espace est toujours et partout aussi laid. Le temps passe sans apporter la moindre modification condamnant les personnages à un ennui terrible. [...]
[...] Quand Vladimir évoque Pozzo et Lucky à la ligne 23, Estragon ne se remémore que les coups de pieds de Lucky et les os que lui a donné Pozzo. Une certaine distance est mise par Estragon lorsqu'il mentionne Lucky. En effet, à la ligne 27, il parle d' un énergumène Il ne prononce jamais leur prénom. Autrui nous est présenté comme un ennemi. Un ennemi tel que nous le faisait comprendre Sartre dans Huis clos par sa fameuse phrase : L'enfer c'est les autres Ainsi, de même que Sartre mettait en scène trois personnages en enfer, faisant chacun le bourreau des deux autres ; Vladimir et Estragon semblent voués à rester ensemble éternellement et subir les méchancetés d'autrui. [...]
[...] Nous verrons ainsi dans un premier temps dans quelle mesure il y a une certaine crise des personnages. Enfin, nous mettrons en valeur la crise du langage qui ressort de ce dialogue. Misérable condition humaine Condition d'existence abominable - L'espace : rien à voir : L'espace semble être vide. On retrouve ainsi une certaine nudité du décor symbolisant la pauvreté de l'espace. On ne retrouve en effet aucune caractéristique pour reconnaître le lieu. Lieu, qui par ailleurs n'est présenté que par l'adverbe de lieu ‘ici'. [...]
[...] Pascal dans ses Pensées avait mis en relief la cause de la misère de la condition humaine qui n'était autre que l'ennui. Il écrit : Mais quand j'ai pensé de plus près, et qu'après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs, j'ai voulu en découvrir la raison, j'ai trouvé qu'il y en a une bien effective, qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de près. [...]
[...] Bien que Vladimir insiste sur ce changement, cette idée est dupée par Estragon. En effet, lui, ne voit aucune nuance d'un endroit à l'autre. A la ligne 42, il s'exclame : Reconnais ! Qu'est-ce qu'il y a à reconnaître ! J'ai tiré ma roulure de vie au milieu des sables ! Et tu veux que j'y voie des nuances ! La didascalie précisant qu'Estragon lance un regard circulaire démontre également qu'il a beau chercher et regarder autour de lui, il n'y voit aucunes variétés. [...]
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