Samuel Beckett est né en 1906 et mort en 1989. C'est un écrivain, poète et dramaturge irlandais qui écrit aussi bien en irlandais qu'en français.
Né en Irlande dans la banlieue de Dublin, il s'installe à Paris en 1928 où il est lecteur d'anglais à l'Ecole Normale Supérieure. Il y fait la connaissance de James Joyce, avec qui il se lie d'amitié. Ses premiers romans sont refusés par les éditeurs britanniques, c'est à partir du moment où il se consacrera au théâtre qu'il accèdera à la notoriété.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Beckett participe à la Résistance, suite à quoi il publiera trois romans puis finalement sa pièce de théâtre "En attendant Godot" en 1952. En 1969 il reçoit le prix Nobel de littérature pour son oeuvre, ce qu'il considère comme une «catastrophe», puisque cela signifiait un accroissement de l'intérêt universitaire pour son oeuvre.
Samuel Beckett et sa pièce de théâtre "En attendant Godot" s'inscrivent dans le mouvement du théâtre de l'absurde -mouvement qui se caractérise par une rupture esthétique et une thématique axée sur l'absurdité de la condition humaine. On parle de rupture esthétique puisqu'il est en rupture totale avec les genres classiques tels que le drame ou la comédie, les unités aristotéliciennes sont totalement remises en question et l'écriture dramatique est donc tout à fait renouvelée, mise au service du sentiment de l'absurde.
[...] C'est au spectateur, donc, de prendre pleinement conscience de cette absurdité, puisque lui assiste à cette vie de répétition qui est exhibée. L'absurde découle d'un autre thème, celui de la destruction de l'image de Dieu. En effet, ce qui sauvait l'humanité de l'absurde était cette figure de Dieu qui conférait du sens, justement, faisait croire à une finalité de l'existence puisque les humains vivaient leur existence terrestre en vue d'accéder au paradis. Mais dès le début du 2Oème siècle s'amorce une crise de croyance importante, qui va prendre de plus en plus d'ampleur. [...]
[...] On peut se poser la question de la mimesis dans En attendant Godot. La pièce est-elle ou non au service du réel? A première vue il semblerait que non, la pièce peut nous sembler invraisemblable puisqu'on n'entendrait pas de tels dialogues dans la vie de tous les jours, et les dialogues, en étant une caricature de la réalité que Beckett veut montrer, ne sont donc pas au service de la vraisemblance. Cependant, on peut aussi dire que le réel que Beckett veut montrer n'est pas dans une retranscription fidèle de ce qui pourrait être vraisemblable, mais qu'il faut quand même voir du réel dans des personnages et des situations qui deviennent des symboles. [...]
[...] En attendant Godot bouleverse totalement la conception que l'on se faisait de l'essence même du théâtre. Tout d'abord, le théâtre tel que le définit Arisote dans la poétique, c'est une action, et l'action est dans la parole, qui est une force dynamique. Ici, le langage n'a plus rien de cette force dynamique, puisqu'il est déconstruit. L'unité de temps n'est pas réellement transgressée. L'unité de lieu est respectée puisque les personnages ne bougent pas de leur campagne avec un arbre, mais cette unité indique moins un respect des règles théâtrales que la volonté de symboliser l'absence d'évolution de l'action. [...]
[...] Le langage est un autre thème rattaché à celui de l'absurde. En effet, le langage perd sa fonction : premièrement, de communication. En effet, Vladimir et Estragon parlent, mais on ne peut pas die qu'ils communiquent, puisqu'on ne voit pas leurs pensées se rejoindre. Ils établissent une sorte de faux dialogue, puisqu'à un moment Estragon dit clairement à Vladimir n'écoute pas.». Ainsi, parlant dans le vide, les personnages apparaissent dans toute leur solitude. Ensuite, le langage perd sa fonction logique, de cohérence. [...]
[...] Les différentes actions des personnages apparaissent comme totalement gratuites. Dans un schéma dramatique, toutes les actions trouveraient une justification puisqu'elles feraient avancer d'une manière ou d'une autre l'intrigue, mais ici les différentes actions ne viennent pas modifier la scène d'exposition, qui présente deux personnages en train d'attendre. La scène finale n'est qu'une répétition de la scène d'exposition, et Beckett se refuse donc à dépasser le stade de la scène d'exposition, en fait il ne semble vouloir ne montrer rien d'autre qu'une éternelle scène d'exposition, puisque justement il ne veut rien faire d'autre qu'exposer la condition humaine, en soulignant l'impossibilité d'une progression. [...]
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