Il ne connaissait pas lui-même son année de naissance. A l'époque de sa venue au monde, on ne gardait pas toujours une trace fiable de la venue au monde des enfants. Aussi a-t-il toujours été en peine de dire précisément son âge. Mais au fond, quelle importance ? Que ce fût en 1486 ou en 1488, est-ce que cela change profondément les choses ? Le lieu, lui, est clair. C'était à Florence, et en cette fin de XVe siècle, Florence était véritablement le centre du monde. Une ville foisonnante, créative, riche d'argent et d'artistes, d'innovations et d'espoirs. On avait foi en l'avenir. Demain serait forcément meilleur qu'hier, et l'avenir, tous le construisaient dans les ateliers où l'on peignait des tableaux, où l'on sculptait la pierre et le marbre, où l'on travaillait le métal et mille autres choses encore afin de transcender la matière pour en faire de la beauté pure. Oui, à cette époque, Florence se rapprochait chaque jour du divin.
Très probablement, Andrea del Sarto vit le jour le 16 juillet 1486. C'est en tout cas en ce sens que semble témoigner le registre des baptêmes de la cité de Florence pour la paroisse de Santa Maria Novella. Son père, Agnolo, était tailleur. La femme de ce dernier, la mère d'Andrea, Costanza, vivait avec lui à Florence. Ils furent les parents de six enfants, dont Andrea était le troisième en date.
Leur nom de famille était Vannucchi. C'est ce nom qui apparait dans les livres de la Compagnie du Scalzo et dans ceux de San Jacopo del Nicchio et de San Bastiano : Andrea allait en effet peindre pour ces sociétés de nombreuses œuvres parmi les plus importantes de sa carrière.
[...] Jamais ou presque jamais une retouche. Ici et là la couture est encore visible qui marquait le passage d'un jour à l'autre de son travail, et l'on reste bouche bée devant l'ampleur de la surface de mur préparée, sachant qu'avant les ombres du soir elle devait être couverte, il y a cinq siècles, avec des créations imaginaires, dessinées en des lignes toujours vivantes et qui ne devaient pas mourir, des lignes sûres d'elles-mêmes, des lignes sans la moindre peur, puis revêtues de couleurs glorieuses, riches selon les valeurs exigeantes du clair-obscur, tendres et douces en brumeux sfumato. [...]
[...] Son plus grand plaisir était de passer du temps auprès d'elle. Il était tellement épris de la jeune femme qu'il lui devenait impossible de peindre un tableau dans lequel son visage ne figurerait pas. Vasari, qui dans la première édition de ses travaux fait le compte rendu de ce mariage, était lui-même un des élèves du jeune maître. Il ne fait aucun doute qu'il écrivit d'expérience le récit de la vie domestique d'Andrea del Sarto. Browning dans son œuvre cristallise l'histoire d'Andrea et Lucrezia avec un poème d'une rare perfection. [...]
[...] La nouvelle maison de la Via Sapienza se situait tout près du couvent des Servites et de l'église de SS. Annunziata, où les deux jeunes hommes avaient récemment entrepris de nouvelles fresques. Frère Mariano, le sacristain, avait entendu de toutes parts chanter les louanges d'Andrea del Sarto. On disait partout qu'il avait réalisé des merveilles et qu'une grande gloire l'attendait dans les années à venir. Il s'efforça donc d'associer le nom du jeune artiste aux décorations de son église en faisant en sorte que cela coûte le moins cher possible à son couvent. [...]
[...] Elles se caractérisent par une grande richesse de couleurs et une puissance rare dans le clair-obscur. Au tout début de 1518 le tableau Disputa, une dispute sur la doctrine de la Trinité, fut réalisé pour les moines de St-Gallo. Saint Augustin, Saint-Laurent, saint Pierre-le-Martyr et saint François discutent ici du mystère, tandis que la Trinité, dont l'effigie apparaît au-dessus, écoute. Au-dessous sont agenouillés saint Sébastien et Marie-Madeleine. Cette dernière est un portrait de l'épouse de l'artiste. Son mouvement gracieux de la main est souvent repris dans les œuvres d'Andrea. [...]
[...] Annunziatta, juste en face de sa maison où, au pied du grand autel, les Scalzi disposaient de quatre places pour leurs morts. Biadi parle des funérailles d'Andrea del Sarto comme des plus pauvres possible Il y a une entrée dans les livres de la compagnie de St- Sébastien qui dit que le 23 janvier 1530, un office fut dit pour l'âme d'Andrea : a Dio piaccia tiràlo al suo beato regno (qu'il plut à Dieu d'emporter vers Son royaume béni). Ce document situe la date de sa mort. [...]
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