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Selon André Breton, l'art avant-garde moderniste dégage des idées (militantes parfois) et une expérience singulière. C'est-à-dire que la création est séditieuse par essence : elle permet de s'ouvrir au possible, ne pas rester fermer. L'expérience mobilise la pensée plutôt que l'immobiliser dans une unique, elle donne un rapport inassouvi au réel. Tout art est expérience de quelque chose mais il y a différents degrés dans l'expérience malgré tout, le champ des expériences est restreint : si les expériences sont différentes dans le geste et la signification, s'il y a une diversité non finie, pour autant toute expérience entraine la fixation sur un objet esthétisé.
Le mot expérience vient de "experiri" qui signifie faire l'essai de. En son premier sens c'est éprouver quelque chose, élargir ou enrichir la connaissance, le savoir et les aptitudes. C'est aussi dans un autre sens la pratique que l'on a de quelque chose. Puis cela devient l'ensemble des acquis de l'esprit résultant de l'expérience de nos facultés.
Ici l'auteur le prend dans son sens le plus court : faire l'essai pratique, théorique et cognitif de la réalité. Ce qui signifie que la réalité est un ensemble de faits, manières d'être, représentations qui ne sont pas un espace connu mais plutôt un espace à éprouver par confrontation à un contexte. Notre position étant à la fois active dans ce contexte et passive. L'objectif étant d'avoir un acquis donc on s'envisage comme en devenir.
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Toute expérience est une action de passage dans la vie quotidienne, dans les objets qui font la vie, dans les mouvements du corps. L'expérience artistique c'est donc en somme un geste d'introspection, d'interrogation ponctuelle, de rencontres, primant sur la forme retenue. C'est une rencontre avec l'art qui est aléatoire et métaphorique. Les artistes se tournent vers un mode d'expérience authentique et occasionnel. Ils font un va et vient entre ce que l'expérience sédimente pour advenir une oeuvre d'art que l'art n'a pas encore sédimenté (...)
[...] Ardenne P., Pratiques contemporaines : L'art comme expérience, Dis Voir, 191p Sommaire I. Problématique II. L'art contemporain III. Définition du concept d'expérience IV. L'artiste comme expérimentateur V. Le concept d'avant-garde VI. Le concept de réalité VII. L'art en retrait des médias VIII. Actualisation de l'expérience du réel : l'art déceptif Problématique. Paul Ardenne s'intéresse au concept d'expérience dans l'art contemporain. L'art contemporain. Au XXème siècle on a les artistes passifs c'est-à-dire ceux qui reprennent des formes d'art déjà existantes. Ils sont majoritaires. [...]
[...] Les artistes veulent montrer que la réalité est construite par des professionnels selon des critères de sélection très opaques. Il existe des actualités et donc autant de réalités. Un même fait peut avoir une importance capitale quelque part et rien ailleurs. On produit là une autre actualité. Les artistes reproduisent alors l'activité du journaliste et en cela, ils s'en distinguent et sortent de la fonction-auteur qui ne peut plus être aujourd'hui. Ils deviennent contre-journaliste. Ils ne cherchent pas à s'intégrer dans une histoire de la représentation mais ils mettent en place un dispositif pour travailler. [...]
[...] Le spectateur dans sa déception se sent investi d'une mission : poursuivre le travail abandonné par l'artiste, combler les manques de sa demande, choisir le sens de l'œuvre. Or cette volonté de l'artiste donne lieu à l'histoire de la défaite du sens. On ne pourra pas retrouver de sens. Le sens n'est plus la clé de voûte de l'œuvre. Le sens est justement de renoncer à un savoir préexistant. L'artiste est dans une position de non savoir. On crée la nouvelle attente de l'art où il n'y aurait plus de séparation entre l'émission et la réception, la composition et l'interprétation. [...]
[...] Le cas contraire ferait que l'art serait ramené au rang d'objet, d'icône divers. Donc même dans l'art le plus réaliste on retrouve l'essence de l'art. Même les artistes qui ont conscience de ce déphasage et veulent s'en sortir, veulent faire le réel brut, sans mise à distance n'y parviennent pas. On veut faire revenir l'homme à son origine : celui qui ne sait rien, serait perdu dans le désir de représenter. C'est le retour à la collecte, prendre ce qui est déjà là. [...]
[...] Le postmoderne au contraire donne un regain à une communion publique, une ferveur relationnelle, le partage de l'expérience artistique. On veut retrouver le spectateur en chaire et accessible, on veut impulser une esthétique moulée et modulée par la réalité. C'est un mouvement de retour vers le social depuis l'intérieur. Mais dans cela il y a des difficultés : peu de moyens, un fort quotient de contestation, une consommation et circulation rapide. L'artiste veut alors faire l'économie matérielle et un activisme exacerbé. [...]
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