Tandis que le réalisme s'attache à représenter le monde, les hommes tels qu'ils sont ; le romantisme prône une libération du langage, le mélange des genres, l'expression de la sensibilité individuelle. Victor Hugo est reconnu comme une puissante figure de ce dernier mouvement, en tant que poète, dramaturge et romancier. Cependant, bien que Les Misérables en aient certains aspects peut-on aller jusqu'à considérer ce roman comme réaliste?
Victor Hugo est considéré comme le chef de file du mouvement dont la période de gloire débute au moment du triomphe des jeunes romantiques lors de la bataille d'Hernani et se termine avec Hugo, même si des aspirations romantiques sont présentes déjà avant, chez Rousseau, Goethe, Chateaubriand – le précurseur - et bien après jusqu'à Mallarmé – fin de la comète romantique. Se peut-il que celui qui avec Charles Nodier rassemblait le « Cénacle » ait écrit un roman réaliste ? Reste que le roman embarrasse encore la critique. Entre drame populaire, tableau réaliste et essai engagé, on comprend que l'œuvre soit difficilement classable. Quels sont tout d'abord les aspects réalistes du roman ?
[...] Entre drame populaire, tableau réaliste et essai engagé, on comprend que l'œuvre soit difficilement classable. Quels sont tout d'abord les aspects réalistes du roman ? Tout d'abord, on s'aperçoit que Victor Hugo se fait un devoir d'écrire les misères de montrer le peuple, la souffrance, la réalité. Dans les Misérables, il y a prise en compte des réalités sociales, culturelles et physiques, ce qui rapproche le roman du réalisme. L'auteur fait une analyse précise de certains événements, comme, par exemple, l'insurrection de juin 1832. [...]
[...] Flaubert dit bien dans une lettre à Louise Collet qu'il y a en lui littérairement parlant, deux bonshommes distincts : un qui est épris de gueulades, de lyrisme, de grands vols d'aigle, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l'idée ; un autre qui fouille et creuse le vrai autant qu'il peut, qui aime à accuser le petit fait aussi puissamment que le grand, qui voudrait vous faire sentir presque matériellement les choses qu'il reproduit.». Quant à Balzac, même s'il est l'écrivain réaliste par excellence, on le rapproche parfois en un certain sens du romantisme. Alors pour ce qui est des Misérables, s'il s'agit de trancher, plutôt romantique sans doute, car il en a davantage d'aspects, cependant il ne faut pas s'étonner de voir cohabiter dans une même œuvre deux romans qui s'opposent. Ce sont deux aspirations opposées qui naissent dans le même siècle et qui influencent toutes les œuvres de l'époque. [...]
[...] Même si d'un point de vue chronologique, le réalisme est un peu plus tardif. D'ailleurs, Les Misérables sont publiés en 1862, en pleine période réaliste. Et on l'a vu le roman est à la fois une fresque historique et sociale et une grande épopée humaine. [...]
[...] Cette noirceur exagérée ne va pas sans rappeler certains romans de Zola. Cependant, un peu comme dans la double description de la mansarde dans Chien-Caillou de Champfleury le montre (dans la description de la mansarde romantique, la misère est bohême, sublimée tandis que dans la mansarde réaliste, à l'inverse, est vue de manière exagérément pessimiste), réalisme et romantisme sont deux moyens d'appréhender la réalité. Si les premiers reprochent aux seconds de regarder la réalité à travers des verres de couleurs, et se revendiquent comme objectifs, on peut juger que la vitre transparente avec laquelle Zola dit appréhender le monde est en fait sale ou tachée de pluie. [...]
[...] D'après votre lecture des Misérables, de Victor Hugo, diriez-vous qu'il s'agit d'un roman réaliste ? Tandis que le réalisme s'attache à représenter le monde, les hommes tels qu'ils sont ; le romantisme prône une libération du langage, le mélange des genres, l'expression de la sensibilité individuelle. Victor Hugo est reconnu comme une puissante figure de ce dernier mouvement, en tant que poète, dramaturge et romancier. Cependant, bien que Les Misérables en aient certains aspects peut-on aller jusqu'à considérer ce roman comme réaliste? [...]
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