Alcools, publié en 1913, avait été tout d'abord appelé Eau de vie par Guillaume Apollinaire qui finit par donner au recueil le titre que nous lui connaissons aujourd'hui.
On peut expliquer le choix du titre et du changement de ce dernier par de nombreux points. Tout d'abord, le recueil présente de nombreuses références aux registres de l'alcool, de l'ivresse, notamment dans « Zone », ou le mot « eau-de-vie » est employé et dans « Vendémiaire » qui sont respectivement les deux poèmes qui ouvrent et ferment le recueil (...)
[...] On peut expliquer le choix du titre et du changement de ce dernier par de nombreux points. Tout d'abord, le recueil présente de nombreuses références aux registres de l'alcool, de l'ivresse, notamment dans Zone ou le mot eau-de-vie est employé et dans Vendémiaire qui sont respectivement les deux poèmes qui ouvrent et ferment le recueil. Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie Dans Zone Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers Sur le quai d'où je voyais l'onde couler et dormir les bélandres Ecoutez-moi je suis le gosier de Paris Et je boirais encore s'il me plaît l'univers Dans Vendémiaire Les tavernes, brasseries, bars sont aussi beaucoup évoquées, ainsi que les vignes rhénanes vendémiaire et tous ces thèmes sont l'objet d'images poétiques principalement dans les Rhénanes notamment avec le poème Nuit Rhénane Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme et Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire sont respectivement le premier et le dernier vers de Nuit rhénane L'alcool, fusion de deux éléments complémentaires et antinomique, l'eau et le feu, provoque l'ivresse, terme qu'il faut entendre ici dans son sens métaphysique comme le rappelait d'ailleurs Baudelaire, poète qui a influencé Apollinaire : Enivrez-vous sans cesse ! [...]
[...] L'ordre thématique n'est lui non plus pas privilégié par Apollinaire, mais on peut déceler certains thèmes transversaux liés entre eux, que nous allons à présent présenter : La mort et la renaissance : Apollinaire traite le thème de la mort sous différents aspects. Tout d'abord en tant que passage d'un état à un autre, notamment par les images du fleuve, de l'automne J'entends mourir et remourir un chant lointain Humble comme je suis qui ne suis rien qui vaille Dans La porte Oh ! [...]
[...] On y retrouve notamment : Le vers classique : Dans la plaine les baladins S'éloignent au long des jardins Devant l'huis des auberges grises Par les villages sans églises Dans Saltimbanques Le vers libre avec assonance : Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied Dormir parmi tes fétiches d'Océanie et de Guinée Ils sont des Christ d'une autre forme et d'une autre croyance Ce sont les Christ inférieurs des obscures espérances Adieu Adieu Soleil cou coupé Dans Zone La juxtaposition de vers traditionnels et de vers libres qui illustre bien le tiraillement d'Apollinaire entre tradition et modernité : Le gardien du troupeau chante tout doucement Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne Dans Colchiques La prosodie : Sous le Pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut il qu'il m'en souvienne Dans Le Pont Mirabeau Le registre lyrique de l'élégie : Celui-ci est exprimé par différents moyens : - L'invocation : Ecoutez-moi je suis le gosier de Paris Et je boirais encore s'il me plaît l'univers Dans Vendémiaire - Les antithèses : Le pré est vénéneux mais fleuri en automne Les vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Dans Les Colchiques - Les allitérations : J'ai cueilli ce brin de bruyère L'automne est morte souviens-t'en Dans L'Adieu Une poésie moderne et novatrice : Alcools possède un certain nombre de caractéristiques qui en font un recueil appartenant au renouveau poétique du 20ème siècle. En effet, si la fin du 19ème siècle avait vu la création du vers libre, les poètes du début du 20ème vont plus loin dans l'innovation. La suppression de la ponctuation a tout d'abord été adoptée par Apollinaire, dans Alcools. Elle brouille les repères donnés au lecteur et permet des lectures multiples, en jouant sur l'organisation des groupes syntaxiques, la structure du vers et les rythmes. [...]
[...] L'exemple le plus représentatif de ce jeu d'écriture est donné par Le Pont Mirabeau Sous le Pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut il qu'il m'en souvienne Le joie venait toujours après la peine Dans Le Pont Mirabeau [Le vers 2 peut ici se rattacher au premier, ou au troisième vers.] Le recueil compte aussi des jeux homophoniques. [...]
[...] La modernité et la vision, le rêve : Si Alcools est un recueil moderne dans le sens où la forme poétique est novatrice, le recueil présente aussi une certaine modernité dans ces sujets, qui reflète la réalité de l'époque, notamment par les inventions techniques et le développement industriel. Ce thème de la modernité dans le recueil est lié à celui du rêve, de l'imaginaire de l'auteur car ces innovations sont pour lui une source d'inspiration et de réflexion. Les sirènes laissant les périlleux détroits Arrivent en chantant bellement toutes trois Et tous aigle phénix et pihis de Chine Fraternisent avec la machine volante Dans Zone O vous chers compagnons Sonneries électriques des gares chant des moissonneuses Traîneau d'un boucher régiment des rues sans nombre Cavalerie des ponts nuits livides de l'alcool Les villes que j'ai vues vivaient comme des folles Dans Le voyageur La ville est métallique et c'est la seule étoile Noyée dans tes yeux bleus Quand les tramways roulaient jaillissaient des feux pales Sur des oiseaux galeux Dans Un soir III) Ecriture poétique dans le recueil Les formes poétiques et procédés d'écriture présents dans Alcools appartiennent à la fois à la tradition poétique mais aussi à la modernité. [...]
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