Le texte s'ouvre sur une déclaration au présent de vérité générale (une maxime) qui associe immédiatement, par une métaphore, la vie à une maladie : « Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit » (ligne 1). Il s'agit d'une métaphore filée que Baudelaire prolonge avec les verbes « souffrir » et « guérir », mais aussi, avec le terme « possédé », qui implique une sorte de folie.
Le second paragraphe commence par cette confidence : « Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas ». Lui-même est clairement conscient qu'il s'agit d'une illusion, comme le suggère l'expression « il me semble » qui fait écho.
[...] Un monologue intérieur (ligne 6 à 23) Dans ce constat très amer, Baudelaire imagine un dialogue qui est aussi un monologue intérieur, puisqu'il a lieu entre lui et son âme. Il mentionne huit fois son âme dans le texte. Ainsi, croit-on assister à une sorte de dédoublement de la personnalité de Baudelaire, déjà inquiétant en lui- même. Les 3 destinations de Baudelaire (ligne 6 à 20) Les trois premiers paragraphes commencent chacun par une vraie question, proposant une destination différente : Lisbonne, puis la Hollande et enfin Batavia, capitale de l'île de Java. [...]
[...] Ce rêve reflète la misanthropie d'un être désireux de fuir ses semblables jusqu'au bout du monde pour se réfugier. Il aspire donc à la solitude, mais aussi à la mort. Baudelaire considère lui-même ces pays comme des analogies de la Mort Le Pôle évoque par ailleurs le froid, assimilable à celui de la mort. III) Conclusion Dans ce poème en prose, Baudelaire se livre donc à une analyse très lucide d'un mal qui concerne, selon lui, tous les hommes : l'illusion que le fait de partir ailleurs guérirait leur souffrance. [...]
[...] On notera la majuscule qui la présente, non pas comme un phénomène naturel, mais comme une allégorie, qui parle d'une manière bien effrayante encore à l'imagination humaine. Fusion de l'âme et de l'auteur (ligne 24 à 31) Le dialogue disparaissant, l'auteur et son âme se rejoignent et fusionnent, comme l'implique l'emploi de la première personne du pluriel : les adjectifs possessifs nos et le pronom personnel nous Le poète ne suggère plus à présent des destinations, il les impose par des impératifs ou encore par des formes de futur : nous ferons (ligne nous pourrons prendre (ligne 28). [...]
[...] Il s'agit à chaque fois de port, susceptible d'amener un mieux-être. La pauvre âme refroidie serait mieux à Lisbonne où il fait chaud. La Hollande est ensuite définie comme une terre béatifiante c'est-à-dire, qui rend heureux. Et le poète se demande enfin à son âme, si Batavia lui sourirait d'avantage termes correspondant à la joie. Chacun de ces paragraphes se clôt sur un constat lapidaire et de plus en plus bref, du silence obstiné de l'âme : Mon âme ne répond pas (ligne 11) ; Mon âme reste muette (ligne 17) : Pas un mot (ligne 20). [...]
[...] Pourvu que ce soit hors de ce monde ! ( En conclusion, la construction de ce poème est donc très étudiée. On passe progressivement de l'espoir de la guérison à l'aspiration de la mort ; du silence de l'âme à son cri final. II) La personnalité tourmentée de Baudelaire Les destinations Les destinations proposées reflètent la double attirance de Baudelaire pour les pays du Sud et du Nord. Il propose d'abord Lisbonne, la capitale du Portugal, puis, la Hollande, et plus particulièrement, le grand port de Rotterdam, puis Batavia, capitale de l'île de Java, qui fut longtemps une colonie néerlandaise. [...]
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