Nous sommes en mai 1974 et notre narrateur est un jeune étudiant qui débute ses études de journalisme à Madrid. Il vient d'une petite ville de province du sud de l'Espagne et est encore tout ébloui par Madrid qu'il assimile lentement. La date a son importance car elle suit la révolution des « oeillets » au Portugal d'à peine un mois. Or, pour sa génération, cette révolution est aussi importante que n'a été terrible celle du 11 septembre 72 qui a vu l'atroce prise de pouvoir de Pinochet au Chili (...)
[...] Et voilà qu'un matin, à l'improviste, débarque de sa province son copain d'enfance Ramonazo. Celui-ci est communiste et un rien envahissant. Convaincu qu'il trouvera du boulot comme mécanicien à Madrid il a décidé de venir et qu'il partagerait la chambre du narrateur. Celui-ci accepte, ne sachant pas comment faire autrement. Ramonazo ne trouvera rien. Ce sera Ataulfo qui lui procurera du boulot chez un de ses amis mais il le perdra bien vite vu qu'il tentait de convertir les autres ouvriers au communisme. [...]
[...] Quand Franco finira par mourir en 1975 il n'en ressentira même plus de joie tellement il ne l'espérait plus ! Comme il le dit lui-même, voilà une vie foutue ! 2. Le contexte Beaucoup de gens connaissent assez mal la situation de l'Espagne depuis la victoire de Franco en 1939 jusqu'à sa mort de Franco en 1975 et l'accession au trône de Juan Carlos. Celui-ci a été désigné comme son successeur par le Caudillo lui-même. L'Espagne a mis longtemps à cicatriser ses plaies de la guerre civile car, comme toute guerre civile, celle-ci a été atroce. [...]
[...] Il a littéralement liquidé les mouvements anarchistes, communistes et socialistes. Un grand nombre d'Espagnols qui s'étaient réfugiés en France à la fin de la guerre ont été fait prisonniers par les Allemands et envoyés dans les camps en tant que communistes. Alors que Franco était déjà sur son lit de mort, on exécutait encore neuf prisonniers politiques en Espagne. Encore à ce jour, de très nombreuses plaies restent ouvertes au sein de beaucoup de familles et c'est ce qui explique que beaucoup de jeunes se sentent encore concernés par ce conflit. [...]
[...] C'est un garçon attachant mais qui doit être dirigé alors qu'il se retrouve bien seul. Il est indiscutable qu'il a raté sa vie par ce qu'il croit être son incapacité à garder un secret. Il a dû fuir et s'est retrouvé aspiré par son petit village, la jeune fille et l'enfant qu'il lui a fait à son retour. Adieu ses rêves de journalisme pour se retrouver dans un bureau de gérance ! Il n'a aucune confiance en lui et se dit : chaque fois qu'on croyait découvrir en moi quelque qualité, on s'exposait immanquablement à la déception. [...]
[...] Le style Antonio Munoz Molina a une superbe écriture. Elle est fluide et précise. Il analyse profondément ses personnages et nous donne ici un ouvrage qui ne manque ni d'une certaine ironie ni d'une indiscutable mélancolie. La qualité de sa prose lui permet de décrire particulièrement bien les ambiances dans lesquelles évoluent ses personnages. Jugez-en, alors qu'il décrit Madrid en mai, le mois du retour de la pluie : Madrid redevenait cette grisaille faite de brume, de gaz d'échappements, de granite sombre des églises et des bâtiments franquistes, ce gris monotone des uniformes de la police, des meubles métalliques des bureaux et des costumes de vieillard paternaliste et chancelant que portait le général Franco. [...]
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