Antigone ne meurt pas par amour pour son frère ni par respect pour le culte des morts (Créon, et même les prêtres n'y croient plus), mais pour "rien". Elle n'est pas une héroïne satisfaisante car elle reflète cet écroulement de toute certitude. Même Créon qui dit "oui" ou "il en faut" le fait par devoir, non par choix et doit accepter de "tirer dans le tas". Il n'y a plus de valeurs humaines (...)
[...] Qui poursuivent la voie qu'ils ont choisie, mais sans réelle envie, un peu comme des machines qui tournent à vide. Aucun n'apparaît comme un modèle, ni même comme victime ou bourreau : tous deux sont victimes d'un monde absurde car il est aussi vain de continuer à vivre quand la vie est synonyme de dégradation et que mourir ne sert pour rien. b. Tous deux ont choisi d'agir, mais c'est un sacrifice : abandonner ceux qu'elle aime, abandonner une vie de raffiné. [...]
[...] Il n'y a donc pas de morale, tout est égal et s'il y a un message, c'est que personne n'a raison dans la pièce, personne ne triomphe et personne ne comprend personne. C'est d'un constat d'échec et de totale impuissance qui ne laisse aux hommes qu'une seule arme : la lucidité, la conscience. Conclusion : Tragique et absurde sont liés : c'est parce que la vie est absurde, médiocre, qu'on ne se comprend pas, qu'il n'y a plus de vraies valeurs, qu'Antigone doit mourir. Son geste est, paradoxalement, l'affirmation qu'elle aime la vie. Tout est bien absurde, dans un monde sans espoir. [...]
[...] Hémon : l'adolescent Les personnages les uns par rapport aux autres et leurs relations qui prennent de l'épaisseur) : en fait, ils représentent avant tout des étapes de l'existence, des âges de la vie : Petit page : enfant Antigone : une toute jeune fille Hémon : l'adolescent Ismène : un peu plus âgée la jeune fille contente de découvrir son pouvoir de séduction Créon : l'homme mûr Eurydice : ce que deviendra Ismène ou une figure de la femme âgée a pour but de mettre en valeur le duel entre Créon et Antigone. Un duel symbolique 1. Antigone : personnage complexe qui évolue pendant la pièce. Elle est têtue, obstinée mais aussi fragile, sensible (à la beauté du matin, à l'affection des siens). Elle est encore une enfant et garde de l'enfance le sérieux et le désir de pureté. Elle aime la vie quand elle le veut. [...]
[...] Par la présence du Prologue et de Chœur. Mais aussi dénaturée : on ne retrouve pas la noblesse caractéristique de la tragédie, au contraire : Gardes, nourrice : langage populaire, réaliste, souvent incorrect grammaticalement, et des expressions familières voire grossières (même chez Créon). D'où un effet comique du langage de ces personnages et aussi le contraste avec l'émotion, le pathétique. Cela donne un mélange des registres tragique et comique, qui ici montre la victoire de l'absurde (Antigone meurt pour rien En fait, Anouilh emprunte à la tragédie ce qui lui permet de renforcer l'absurde, c'est à dire l'absence de sens. [...]
[...] Tous les gestes paraissent donc gratuits : Antigone ne sait plus pourquoi elle meurt, Créon doit aller au conseil alors que les siens viennent de mourir, les gardes ont des conversations déplacées par rapport à l'action C'est la tragédie des hommes : la condition humaine est absurde car elle montre que tout reprend comme si rien ne s'était passé et que l'humanité ne change pas, il y aura toujours des morts, des guerres, des tyrannies. Tout est donc vain, absurde : c'est là le tragique. Si tout est absurde, les personnages ne sont plus humains mais se chargent d'une valeur symbolique qui montre la solitude des êtres. III Des personnages symboliques Les personnages sont des symboles 1. Les personnages eux-mêmes : Antigone représente la passion de l'absolu et la révolte de la jeunesse, pure, exigeante, qui refuse tout compromis. [...]
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