Un prénom qui évoque l'adolescence, le refus de toute compromission, la révolte et la mort. Un personnage fascinant, dans lequel des générations de lycéens se sont reconnues, et une oeuvre magnifique, moderne, plus complexe qu'elle n'y semble au premier apport : Antigone de Jean Anouilh.
(...) Dès les premières pages, le choeur annonce la tragédie qui va se produire. L'histoire est, en effet, celle de Sophocle ou plus exactement celle de la fille d'Oedipe, très proche du mythe relaté par Sophocle.
Antigone, fille d'Oedipe et de Jocaste, vit à Thèbes, ville gouvernée par son oncle : Créon. Elle a une soeur, Ismène, et deux frères : Polynice et Etéocle. Ces derniers viennent de s'entretuer pour prendre le contrôle de la ville. Créon refuse d'accorder une sépulture à Polynice, considéré comme un traître. Antigone ne peut s'y résoudre. Mais elle est surprise alors qu'elle tente d'ensevelir le corps de son frère. C'est sur la confrontation entre Créon et Antigone que repose l'oeuvre, puis sur la condamnation de cette dernière et sa mort.
L'originalité de l'oeuvre d'Anouilh ne réside donc pas dans le sujet de sa pièce, mais plutôt dans sa tonalité, qu'il s'agisse des dialogues ou de la personnalité des principaux protagonistes.
Les personnages de Jean Anouilh sont des individualités très fortes, du moins ceux sur lesquels reposent l'intriguent. Antigone est une jeune femme, probablement une adolescente, oscillant encore entre le monde de l'enfance et celui des adultes. Elle est toutefois déjà fiancée au fils de Créon. Elle dispose d'un tempérament bien trempé, refusant toute soumission, toute compromission, tout ce qui entre dans le cadre de l'ordinaire, d'un bonheur confortable mais trop "tiède" aux côtés de son fiancé. Antigone est entière, passionnée. Seule la mort lui apparaît être un destin digne.
Créon incarne davantage le père de famille qu'un tyran. Il a refusé d'enterrer un des frères, sans trop savoir lequel, pour servir d'exemple et pour que la paix puisse revenir dans la cité. Il tente de protéger Antigone ("Personne ne t'a vu ?"), de la convaincre de renoncer à ce frère qui n'était qu'un voyou, sans considération pour elle, de renoncer à cet orgueil qui a fait le malheur des siens, de penser à elle et à son bonheur. Mais la communication ne passe pas (...)
[...] Mais sans cette tonalité particulière, cette forme d'impertinence, ils seraient bien insuffisants. Lectures du mythe d'Antigone Jean Anouilh a donné à Antigone le visage du refus, de la rébellion. Il lui a aussi offert la jeunesse. C'est une enfant, une adolescente, qui ne veut pas grandir, arc-boutée sur une idée. Il est facile de l'imaginer la mèche rebelle, pleine de morgue, rejetant le monde des adultes tout en y aspirant dans une certaine mesure. Antigone est une jeune femme amoureuse. [...]
[...] Elle est toutefois déjà fiancée au fils de Créon. Elle dispose d'un tempérament bien trempé, refusant toute soumission, toute compromission, tout ce qui entre dans le cadre de l'ordinaire, d'un bonheur confortable mais trop tiède aux côtés de son fiancé. Antigone est entière, passionnée. Seule la mort lui apparaît être un destin digne. Créon incarne davantage le père de famille qu'un tyran. Il a refusé d'enterrer un des frères, sans trop savoir lequel, pour servir d'exemple et pour que la paix puisse revenir dans la cité. [...]
[...] Dans ce contexte, parler de refus prend un caractère particulier. Antigone est, selon Anouilh, une résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre de tous ceux et toutes celles dont la mort était le seul destin possible en raison de leur rébellion, de leur résistance. Sans cesse, Antigone brave l'interdit pour couvrir de terre le corps de son frère. Ses raisons dépassent le respect des traditions et rien ne mentionne une affection particulière à l'égard du défunt. [...]
[...] Il tente de protéger Antigone Personne ne t'a vu ? de la convaincre de renoncer à ce frère qui n'était qu'un voyou, sans considération pour elle, de renoncer à cet orgueil qui a fait le malheur des siens, de penser à elle et à son bonheur. Mais la communication ne passe pas. Il est aussi celui qui doit maintenir la cohésion, faire avancer les choses, gouverner, concilier des impératifs contraires et donc accepter les compromissions. Il reconnaît que la tâche est ardue, bien plus que de tout refuser en bloc. [...]
[...] Le contexte historique permet de lire Antigone comme une ode à la Résistance. L'œuvre se prête toutefois à d'autres lectures, selon des considérations qui trouvent un écho dans l'engagement d'un homme, dans des valeurs intemporelles. L'auteur en quelques lignes Jean Anouilh est un auteur de théâtre du XXème siècle (né en 1910 et mort en 1987). Il présente sa première pièce Humulus le muet en 1932, mais c'est en 1937 qu'il rencontre le succès avec Le voyageur sans bagage Le ton est donné, libre, anti - conformiste et chaque nouvelle œuvre sera attendue : le bal des voleurs la sauvage l'invitation au château l'alouette Antigone bien sûr et de très nombreuses autres pièces, qui oscillent entre comédie et tragédie. [...]
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