Les Années, Annie Ernaux, aphorisme, Mitterand, 11 septembre, Alida Valli, Claude Piéplu, photographie, Barthes, Bourdieu, Foucault, Lacan, Chomsky, Baudrillard, Ivan Illitch, Les Guignols, Chirac, fiche de lecture
Aphorisme catégorique affirmant la future disparition des "images".
Mise en page des paragraphes atypique : à la suite de l'aphorisme, enchaînement de paragraphes (un par image ou jeu de mots) sans aucune marque de ponctuation forte, comme dans un diaporama (ou défilement des images avant la mort ?), jusqu'à la fin du chapitre.
Annie Ernaux énumère des images (souvenirs), toutes vouées à la disparition : une femme dans un paysage d'après-guerre qui urine à côté du café d'Yvetot et retourne dans celui-ci (sa mère ?), Alida Valli pleurant dans Une aussi longue absence, un manchot, puis page suivante Claude Piéplu dans un film des Charlots, une dame à l'allure majestueuse atteinte d'Alzheimer dans une maison de retraite qui arpentait les couloirs avec un châle bleu, une femme enfermée dans une boîte transpercée de lances d'argent dans un numéro de prestidigitation, une publicité (chaussure tournant sur un socle) pour une chaussure pour bébé dans un magasin André, un branleur (littéralement) qui s'astiquait le manche, invisible jusqu'à la taille de l'extérieur, depuis son compartiment de train en observant des jeunes filles, puis page suivante le type de la publicité Paic Vaisselle...
[...] Les dernières années (énumération) ne lui semblent pas heureuses, avec le triste hiver, le suicide de Gabrielle Russier en prison, les dernières vacances dans un hôtel semblable à la pension de Quelqu'un de Pinget, et la mort de son père ; les événements politiques ne la marquent plus. Les événements s'enchaînaient, mais on restait blasée. A gauche, la désillusion s'installait doucement. La modernité de Giscard, snob à l'excès, ébranlait, mais Simone Veil attirait la sympathie ; Beauvoir était cuite. Plus de tabous : la mode et à la confiance en soi et à la légèreté. On migrait en région parisienne. C'était un bouleversement spatial important, dans un Paris irréel, car peu fréquenté. Le centre commercial faisait revivre, donnant l'illusion d'un changement possible chez nous, comme à l'adolescence. [...]
[...] Elle veut s'emparer de la vie passée. Ce livre vise à sauver : un petit bal, une chambre d'hôtel, une tireuse de vin, deux vers d'Anna de Noailles dans L'offrande à la nature un manège, une jeune femme raccompagnant son compagnon saoul, le film Des gens sans importance, une affichette de téléphone rose, un bar et son juke-box aux Etats-Unis, une maison au fond d'un jardin, le regard de sa chatte avant son euthanasie, l'homme de la maison de retraite de Pontoise demandant suppliant les visiteurs d'appeler son fils, la femme du massacre de Hocine, le soleil sur les murs de San Michele, île cimetière de Venise. [...]
[...] Le monde évoluait et l'on n'était pas dupe des politiciens et de leurs mesures ; les grèves pullulaient sous l'égide de Bourdieu forçant Juppé à retirer son plan ; Mitterrand mourait. On s'émouvait et on se mobilisait pour tout, mais de façon éphémère et sans conséquence. On oubliait les sentiments désuets de patriotisme et d'honneur au profit du respect et de la tolérance. On ne sentait que vaguement l'insécurité ; entre Houellebecq, son cynisme et les valeurs on ne savait que penser. [...]
[...] Les ex-pays soviétiques et yougoslaves se déchiraient. Mais on ne voulait plus penser aux guerres et aux massacres pourtant si proches. On voyait la politique d'un œil désabusé. L'individualisme caractérisait de plus en plus la société. On ne voulait plus des immigrés. On se méfiait d'eux et des gens qui en étaient issus. Tout s'aménageait en fonction de la consommation. Les nouveaux appareils, comme l'ordinateur, suscitaient un mélange d'intimidation et d'envie. Malgré l'injonction à la sexualité libre, les séropositifs étaient discriminés telles les filles-mères à leur époque. [...]
[...] Les pratiques nouvelles côtoyaient les plus anciennes. La jeunesse était insouciante. Description (p. 55) d'une nouvelle photo, celle de deux pensionnaires, une brune et une blonde. Ce sont les souvenirs de la brune qui sont évoqués. Issue d'un milieu social simple, elle rêve d'amour. Elle se veut femme, et accumule peu de souvenirs peu de souvenirs d'événements générationnels marquants. Elle a en mémoire divers souvenirs illicites selon elle alors (une tache brune sur un drap ayant appartenu à feu sa grand-mère, la tentative de meurtre de son père sur sa mère, etc.). [...]
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