Le titre original de la nouvelle Coup de gigot de Roald Dahl, Lamb to slaughter, s'offre à une double lecture qui n'est pas malheureusement pas conservé en français. En effet, il pourrait se traduire par «un agneau vers l'abattoir» (comme dans l'expression «go to somewhere like a lamb to the slaughter», soit se rendre quelque part comme un agneau à l'abattoir) ou encore par «un agneau pour le carnage, pour le massacre». L'agneau peut donc être vu à la fois comme victime et comme cause, comme coupable.
Écrite en 1954, la nouvelle Coup de gigot a été publiée pour la première fois en Grande-Bretagne dans le recueil Someone like you.
Il est possible de voir dans le lamb du titre original une métaphore de Mary Maloney. En effet, à l'instar de l'agneau, elle est à la fois victime (elle se fait laisser enceinte par son mari et souffre de sa condition de veuve) et cause du massacre (elle réduit en miettes une partie du crâne de son époux).
[...] Penchée sur son ouvrage, elle tendait l'oreille, guettant l'arrivée de son mari. Le premier verre de whisky de Patrick fut cependant rapidement avalé et le second était plus foncé qu'à l'ordinaire. Rassemblant tout son courage, il lui annonça qu'il la quittait. Annonçant qu'elle allait préparer le dîner, elle se rendit à la cuisine, y dégotta un gigot d'agneau congelé, puis retourna vers la salle de séjour. Brandissant la pièce de viande au-dessus de son mari qui lui tournait le dos, elle l'abattit sur son crâne d'un grand coup. [...]
[...] Durant la Seconde Guerre mondiale, il s'engagea comme pilote dans la Royal Air Force. Après s'être remis de graves blessures causées par un accident d'avion, il est attaché militaire à Washington et y commence sa carrière littéraire. Il rencontre le succès à son deuxième livre pour enfants, Charlie et la chocolaterie, publié en 1964. Il décède en 1990, laissant derrière lui une œuvre aussi abondante qu'estimée. Inspirée par Jonathan Swift et Charles Dickens, l'œuvre pour enfants de Roald Dahl est peuplée de géants, de nains, de sorcières et de monstres. [...]
[...] En somme, l'univers de la nouvelle de Roald Dahl peut être vu comme antimanichéen. En effet, le lecteur assiste à une victimisation de la coupable et à une culpabilisation de la victime. La double lecture du titre est un indice de cette fusion des dichotomies. De la sorte, l'agneau du titre est une victime de l'abattoir et une cause du carnage. Cet agneau réfère, cela va de soit, à la nature de l'arme du crime, mais aussi à la pauvre Mary Maloney. [...]
[...] finira bien par trouver. —C'est ce que je pense aussi. que ce soit, il n'a pas pu aller bien loin avec son truc. Un truc comme ça, on ne le trimballe jamais plus longtemps qu'il ne faut». L'un d'eux éructa. mon avis, la chose doit se trouver ici, sur les lieux mêmes. —Probablement. Nous devons l'avoir sous le nez. Tu ne crois pas, Jack ? Si les adjuvants sont très nombreux, ce n' est cependant pas le cas des opposants. [...]
[...] La nouvelle Coup de gigot de Roald Dahl s'inscrit dans une intertextualité particulièrement riche et intéressante. L'hypotexte de la nouvelle est une comptine anglaise, Mary had a little lamb. Par ailleurs, la nouvelle inspira un épisode de la série Alfred Hitchcock présente diffusé sur CBS, le 13 avril 1958 sous le titre L'inspecteur se met à table. En 1979, les réalisateurs de la première saison de la série Tales of the Unexpected / Bizarre, bizarre se basèrent aussi sur la nouvelle de Roald Dahl pour un épisode intitulé Un os dans le gigot. [...]
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