Dans son roman Wigalois, Wirnt von Grafenberg présente le cheminement d'un héros parfait accédant au pouvoir à la suite de deux séries d'aventures. Le texte, contrairement aux romans arthuriens des générations précédentes, n'obéit pas à une structure narrative classique, en ce sens qu'il n'inclut pas de crise, c'est-à-dire de rupture témoignant des difficultés rencontrées par le héros pour concilier amour et prouesse. Traditionnellement, la littérature médiévale décrit l'amour comme « un art, une science, une vertu » (Gaston Paris) dont le chevalier parvient à maîtriser les règles après s'être fourvoyé dans la luxure et l'inaction. Quel rôle joue donc la thématique amoureuse dans un texte qui s'attache d'emblée à postuler la perfection de Wigalois ? Nous apporterons réponse à cette question par le biais d'une étude bipartite. Le premier mouvement de notre travail montrera que la manière dont Wirnt traite le sujet lui permet de consolider la structure générale de son roman et d'affirmer encore un peu plus le statut de son héros. La seconde partie s'appliquera, elle, à analyser les enjeux de la relation entre Wigalois et Larie en mettant plus particulièrement en exergue le caractère distancé de celle-ci.
[...] Florie y apparaît comme une créature divine, modelée par les mains de Dieu nâch den gotes vlîze (V. 888) et donc parfaite dans sa constitution comme le texte le dit d'ailleurs avec emphase aux vers 890-894 ou bien encore dans la partie finale d'un descriptif riche de nombreux superlatifs : Michn triegen dann die dinne mîn, / si möchte wol under ir hemde sîn / ein sô schoene crêatuire / [ ] / von eim sô süezen lîbe / daz ich waen ie von wîbe / reiner lîp würde geborn (V. [...]
[...] On pense par exemple à Gawein et au fameux épisode de la pierre de vertu lors de l'arrivée de Wigalois à la cour du roi Arthur et suivants). La manière dont l'auteur traite de la thématique amoureuse dans son texte reflète parfaitement ce schéma narratif novateur. Elle s'enracine dans un cadre dont les éléments de base sont des leitmotive de la littérature arthurienne, en même temps qu'elle gagne en originalité à être opposée à d'autres formes d'amour, à d'autres relations et notamment à celle qu'entretient Gawein avec Florie. [...]
[...] Le texte insiste néanmoins bien plus largement sur la préhistoire des pérégrinations de Wigalois. Hormis les vers consacrés à la formation du jeune chevalier (V. 1203-1410), on trouve, dans la première partie du roman, un portrait détaillé de la relation ayant uni Gawein et Florie et dont Wigalois est le fruit. Ce portrait, pour une large part inspiré d'un schéma arthurien classique, occupe près de 500 vers (V. 720-1200) et a pour fonction de mieux valoriser l'attitude exemplaire du chevalier à l'égard de Larie. [...]
[...] 4056), sa mère et Nereja d'élaborer un scénario visant à convaincre Wigalois de risquer sa vie pour la libération de Corentin et suivants). Même s'il est indéniable que les premiers échanges entre les deux protagonistes augurent d'un nouveau développement, c'est surtout le stratagème mis en place à ce moment du récit qui permet de relancer l'intrigue : Wigalois se trouve alors placé devant une aventure hautement périlleuse d'où aucun des chevaliers qui s'y sont essayés n'est revenu : ich wil sîn geselle / nimmer werden, swiez mir ergê ; / ichn weiz et wiez das umbe stê : / wirn gesehen in deheinen nimmer mê. [...]
[...] Lui qui avait, dans les premières pages de son récit, annoncé son intention de dire du bien des nobles dames von den reinen wîben V. 739) et de compatir à leurs peines le cas échéant, se plait à souligner leur fidélité absolue et la constance de leur amour, allant même jusqu'à les faire mourir de chagrin une fois leur mari défunt. On pense par exemple au passage consacré à la mort de Japhite aux vers 7745-7748 : swie wi waer ein heidenin, / ganz triuwe und staeten sin / mit liebe si an in kêrte, / als si diu minne lêrte. [...]
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