[...]
Le Professeur et son assistant Daniel se retrouvent chez lui alors que la ville est assiégée par les Barbares et bombardée. C'est l'hiver et il fait un froid de canard. Chacun a sa méthode pour rester au chaud : celle de Daniel est de continuer à se rendre à L'Université pour se coller aux tuyaux brûlants, mais elle est souvent bombardée ; le Professeur, lui, reste assis chez lui à lire des volumes de sa bibliothèque fournie (il est professeur de littérature) et écrire. Marina, étudiante et actuelle dulcinée de Daniel, fait son entrée et se dit frigorifiée. Le poêle est éteint, et tous les meubles superflus ont déjà été brûlés. Elle déclare alors qu'il reste les livres. Dès lors elle entreprend de convaincre le Professeur et son assistant que tous les livres ne valent pas qu'on meure de froid. Le Professeur avoue que pendant toutes ces années il a fait l'éloge d'auteurs qu'il admire mais n'a aucun plaisir à lire, et qu'il a critiqué ceux qui sont bêtes mais aussi - et même parce qu'ils sont bêtes - les plus agréables à lire. Il est d'un grand cynisme, et Daniel quant à lui est sentimental et se montre tolérant face aux lubies de son maître.
Deux mois se passent. Marina est venue habiter avec eux chez le Professeur car la cité universitaire a été réduite en cendres. Elle est d'une humeur massacrante car - comme toujours - elle est gelée. Et ce d'autant plus qu'elle est toute maigre. Le Professeur la trouve en train de lire un bon livre, mais elle explique que chacune de ses lectures est désormais guidée par l'éternelle question de savoir si ce qu'elle lit vaut la peine qu'elle ait encore froid. Bien sûr, outre la place du verbe, du sujet, etc. , le contexte, le style eux aussi comptent (...)
[...] Mais elle refuse, invoquant le ridicule de bouger pour bouger. Elle en est arrivée à ne plus trouver de sens à la vie même, à penser à aller se présenter devant l'ennemi pour se faire tuer une fois qu'il n'y aura plus de livre à brûler, sans parvenir à se rappeler ce dont elle rêvait avant la guerre. Il y a certes une infime possibilité qu'elle sorte en vie de cette guerre, qui finira bien un jour. Mais alors, qu'aurait-elle bien à faire ? [...]
[...] Les deux amants se figent. Le dernier livre est celui choisi par le Professeur et que Daniel déteste. Marina veut empêcher le vieillard de jeter le livre au feu, dernière parcelle d'humanité qu'il lui reste puisque dernière beauté qu'il lui reste avant de devenir vraiment un animal. Le Professeur le fait brûler avec d'autant plus de délectation. Alors elle s'enfuit et part appliquer sa menace : aller sur la grand-place quand il n'y aura plus de livres, pour y mourir. [...]
[...] Savez-vous ce que je suis en train de faire ? Je lis chaque phrase avec lenteur et circonspection et à chaque phrase je me demande : Y a-t-il, dans ce sujet, ce verbe, ce complément, cet adverbe, y a-t-il quoi que ce soit qui vaille une belle flambée au cœur d'un poêle ? Le sens profond (ou supposé tel) de cette phrase est-il plus nécessaire à ma vie qu'un degré de plus dans cette pièce ? ( ) Marina : Il a écrit la plus grande vérité du monde, qui tient en une seule phrase : L'enfer c'est le froid. [...]
[...] De la même auteure et dans le même genre, on trouve aussi le roman Cosmétique de l'ennemi, un magnifique dialogue à l'humour grinçant entre un cadre bloqué à l'aéroport et un Hollandais importun qui vient lui imposer sa présence. Le fait du prince est aussi un roman plaisant à l'histoire improbable : un inconnu sonne chez le narrateur pour téléphoner, et une fois monté, il meurt sur place. Le héros décide alors, en toute logique bien entendu, de prendre son identité. Un autre coup de cœur : Attentat, histoire où le héros est l'homme le plus laid du monde. [...]
[...] Rapide biographie de l'auteur : Amélie Nothomb est née en 1967 au Japon. La romancière est d'origine franco- belge et issue de la petite aristocratie belge avec plusieurs ancêtres ayant été également écrivains ou dans la vie politique. Elle publie son premier roman en 1992, Hygiène de l'assassin, pour lequel elle reçoit plusieurs prix et conquiert un lectorat friand de son style qui met en exergue les défauts humains et les bassesses dont ils sont capables. Parmi les vingt autres romans qu'elle publie chez les éditions Albin Michel, on compte Le Sabotage amoureux, Attentat, Stupeurs et tremblements (Grand Prix du roman de l'Académie Française), Métaphysique des tubes, Cosmétique de l'ennemi, Acide sulfurique, Ni d'Eve ni d'Adam, Le Fait du Prince, Tuer le Père. [...]
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