Alcools Crépuscule, Guillaume Apollinaire, 1913, quatrains, octosyllabes, poésie du XXe siècle, Marie Laurencin, souvenirs d'Allemagne, Picasso, champ lexical, termes dépréciatifs
"Crépuscule" est le 7e poème du célèbre recueil Alcools, publié en 1913. Il s'agit d'un poème composé de 5 quatrains d'octosyllabes écrit par Guillaume Apollinaire, célèbre poète de la modernité du XXe siècle. Dans ce poème, dédié à un amour d'Apollinaire, Marie Laurencin, on retrouve une inspiration mêlant des souvenirs d'Allemagne ainsi que 2 peintures de Picasso : Famille de Saltimbanques et Famille de bateleurs, peints tous 2 en 1905 et qui rappellent l'activité importante de critique d'art qu'eut Apollinaire.
[...] Dans les univers qui palpitent ineffablement au-dessus de nos têtes. Dans ces univers plus proches et plus lointains de nous qui gravitent au même point de l'infini que celui que nous portons en nous. » (notre esprit) Ainsi, ce poème-tableau est empreint d'une profonde mélancolie dans lequel se mêlent étroitement rêve et réalité, songes et souvenirs de voyage et goût pour la peinture. C'est aussi une variation, une médiation sur la fuite du temps, le passage du jour à la nuit, de la vie à la mort, un des thèmes majeurs du célèbre recueil Alcools. [...]
[...] Les 2 derniers vers évoquent la contemplation du nain qui regarde « l'arlequin ». L'emploi d'un présent de l'indicatif suivi du verbe « grandir » à l'infinitif semble fixer la scène pour toujours et semble la rendre atemporelle (qui ne peut pas être daté). Ce tableau prend bel et bien vie au fil du poème, mais il se présente de façon étrange. II. Un tableau étrange En effet, il est placé dès son titre sous le signe du soir, moment particulier, celui de la dernière lueur qui précède le coucher du soleil. [...]
[...] De plus, dans ce moment entre le jour et la nuit, les personnages qui surgissent paraissent mystérieux. En effet, les adjectifs « crépusculaire » (v.5) et « blême » (v.9) qualifient le « charlatan » et « l'arlequin » de manière inhabituelle. Les personnages sont également à la fois exotiques, gens du voyage et du spectacle, et hétéroclites puisque l'on retrouve « l'arlequine / charlatan », « l'arlequin » devant un public de sorciers est associé à un « pendu » (v.15), « l'aveugle » est associé à un « bel enfant » (v.17) et la « biche et ses faons » sont associés au « nain » (v.19) par un parallèle de construction. [...]
[...] La dimension symbolique Cette troupe de saltimbanques joue entre le jour et la nuit, c'est-à-dire le seuil du soir. Ce seuil peut également représenter celui qui sépare la vie et la mort. En effet, l'image de la mort court au fil du poème comme en témoigne les « ombres des morts » mais si un « bel enfant » (v.17) ainsi que les « faons » (v.18) semblent incarner le retour de la vie, les 2 derniers vers consacrent la victoire de la nuit à travers le verbe « grandir » (v.20) et « l'arlequin trismégiste » qui incarne Hermès, Dieu associé au monde des morts puisqu'une de ses fonctions « psychopompe » est d'accompagner les morts aux Enfers dans l'imaginaire grec. [...]
[...] Au centre de l'image se trouve « l'arlequin », qui crée un écho masculin au personnage du 1er quatrain. « Salue d'abord » anime le tableau et l'adverbe amorce l'action qui se déroule aux 2 premiers vers de la 4e strophe comme en témoigne « ayant décroché une étoile » et « il la manie ». Dans le 5e quatrain, le tableau s'enrichit de 3 motifs construits sur une même structure syntaxique (sujet + verbe + complément). La reprise de cette même structure créée un balancement, une régularité rythmique accentuée par le jeu de rimes plates. [...]
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