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Lorsqu'Albert Londres publie Terre d'ébène, en 1929, chez Albin Michel, il est déjà un journaliste d'investigation expérimenté et reconnu. Né en 1884 à Vichy, il a 45 ans et a déjà travaillé pour trois journaux. Le Matin tout d'abord, de 1906 à 1914, pour lequel il était journaliste parlementaire, puis correspondant de guerre sur les fronts européens. Le Petit Journal, ensuite, de 1915 à 1919. C'est alors l'un des quotidiens les plus lus en France pour lequel Albert Londres va effectuer ses premiers grands reportages dans le Sud-est de l'Europe. De retour en France en 1918, il couvre la fin de la guerre. En 1919 il part en Allemagne. Il travaille ensuite pour le journal Excelsior. En 1920, il réussit à entrer en Russie soviétique et décrit, horrifié, le régime bolchévique qui est en train de se mettre en place. En 1922, il se rend en Asie (Inde, Japon et Chine). Il décrit alors les actions de Gandhi et Nehru en Inde, qui commencent à demander aux Britanniques plus d'autonomie pour leur pays.
A partir de 1923, Albert Londres devient de plus en plus célèbre et ses reportages sont publiés sous forme de livres par l'éditeur Albin Michel. Il écrit désormais pour Le Petit Parisien, qui tire quotidiennement à près de deux millions d'exemplaires et qui est l'un des journaux les plus lus de la IIIème République, ce qui va donner à ses articles et aux causes qu'il défend un impact considérable.
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Albert Londres raconte ce qu'il a observé dans les différentes villes où il s'est arrêté au cours de son voyage : Dakar, Kita, Bamako, Niafounké, Kabara, Tombouctou, Ouagadougou, Bouaké, Abidjan, Dabou, Dimbokro, Porto-Novo, Libreville, Matadi (Congo belge), Missafo et Brazzaville.
Le journaliste arrive à Dakar en bateau, le Belle-Île, qui une fois son escale à Dakar effectuée, partira en Argentine chercher des "viandes frigorifiées". Il est déjà venu auparavant pour faire un reportage sur la ville. Il l'avait trouvée triste, oppressante avec ses airs de musique européens s'échappant de phonographes et son hôtel au nom évocateur : "Métropole", dans lequel se retrouvent les colons. Il avait voulu se rendre à Dakar deux autres fois, mais le bateau n'avait pas pu accoster car la ville était interdite d'accès pour cause de fièvre jaune. En rentrant d'un de ces voyages, il avait trouvé chez lui, une lettre envoyée par des Petits Blancs de Dakar qui lui demandaient de venir écrire un papier sur leur situation. Ils s'estimaient abandonnés par l'administration coloniale qui ne faisait rien pour les sauver car ce n'était que des "Petits blancs" (...)
[...] Albert Londres rencontre aussi d'autres blancs. Il y a des particuliers venus de France pour faire des affaires, comme Tartass, rencontré à Bamako, coiffeur ambulant qui s'est enrichi au Soudan Français et qui souhaite désormais se présenter aux élections pour être élu délégué colonial du Soudan et de la Haute-Volta au Conseil supérieur des colonies. Il y a aussi les missionnaires, dont certains se sont installés en Afrique, dans une communauté (village, ethnie) qui les a adoptés et qui ne voudraient pour rien au monde rentrer en France. [...]
[...] Le Matin tout d'abord, de 1906 à 1914, pour lequel il était journaliste parlementaire, puis correspondant de guerre sur les fronts européens. Le Petit Journal, ensuite, de 1915 à 1919. C'est alors l'un des quotidiens les plus lus en France pour lequel Albert Londres va effectuer ses premiers grands reportages dans le Sud-est de l'Europe. De retour en France en 1918, il couvre la fin de la guerre. En 1919 il part en Allemagne. Il travaille ensuite pour le journal Excelsior. [...]
[...] Dans le cas décrit par Albert Londres, à Niafounké, le commandant demande leur avis aux notables qui décident de la peine selon la coutume. Il n'impose pas son point de vue et les consulte systématiquement. Néanmoins, il a le pouvoir d'envoyer les accusés en prison s'ils contestent la sentence. Il délivre les papiers administratifs dont peuvent avoir besoin les indigènes (pour régler un litige entre eux par exemple), il se fait intendant en cas de famine, ingénieur pour reconstruire un pont, avocatconseil, conseiller financier, maréchal en cas d'émeutes. [...]
[...] Elles ne doivent pas s'exposer aux critiques de leurs congénères sous peine d'être déshonorées, ne pas parler à des hommes étrangers et ne rien accepter de leur part, surtout pas d'argent sous peine d'être considérées comme indignes de respect. Cependant, elles travaillent : elles sont vendeuses sur les marchés. A Bamako, elles vendent du sucre, des bananes, du lait, du beurre de karité, tout cela en petites quantités. Les hommes, eux, confectionnent des boubous sur le marché derrière des machines à coudre. A Bamako, les femmes restent dans la ville, contrairement aux hommes qui, eux, sont porteurs, boys chez les blancs, cantonniers, ou bien ne font rien. Lorsqu'un noir se déplace, c'est sa femme qui porte les bagages. [...]
[...] Albert Londres déplore aussi l'indifférence des Français de métropole pour ces colonies. Selon lui, cette indifférence serait à l'origine du manque de prospérité des colonies françaises en Afrique et de leur infériorité par rapport aux colonies anglaises et belge voisines, car étant donné que l'opinion publique ne s'intéresse pas à ce qui se passe aux colonies, l'administration ne prendrait pas les mesures nécessaires au développement économique des colonies dans le respect des populations. Elle laisserait ainsi faire les compagnies privées, ne craignant ni le scandale, ni l'indignation des citoyens français. [...]
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