Camus écrit ce petit livre et le publie en 1956 quelques années après ses deux grands romans, « L'homme révolté » et plusieurs pièces de théâtre. On pourrait croire qu'il a choisi la forme d'une conversation de façon à pouvoir aborder, d'une manière condensée, de très nombreux aspects de sa pensée. Alors que certains de ses ouvrages ou pièces sont parfois ardus à lire, ce n'est pas du tout le cas ici. Nous pourrions croire qu'il a tenu à écrire un livre plus abordable à tout le monde (...)
[...] On est libre, mais au bout de chaque liberté il y a un jugement et c'est de cela que les hommes ne veulent pas ! La liberté, oui, pas le jugement ! - Un peu plus loin, il écrit : Mais justement, il n'y a plus de père, plus de règles ! On est libre et comme ils ne veulent surtout pas de liberté, ni de ses sentences, ils prient qu'on leur donne sur les doigts, ils inventent de terribles règles, ils courent construire des bûchers pour remplacer les églises. [...]
[...] On est classé une fois pour toute. Il va se livrer entièrement à son interlocuteur et sans l'ombre d'une complaisance. Mais le sommet du livre est gardé pour la fin, quand Je va aborder les problèmes de la religion, de la culpabilité, de la liberté, de la solitude et de la servitude. Un soir, l'interlocuteur rejoint Je dans sa petite chambre vu qu'il est malade. Quelle ne sera pas sa surprise quand Je va ouvrir une porte de placard et lui montrer une des trois parties de L'agneau mystique de Van Eyck, conservé à l'abbaye Saint - Bavon à Gand. [...]
[...] Mais attention ! Dostoïevski ne voyait cette théorie comme possible que parce que l'homme avait perdu Dieu, car, pour lui, le seul salut ne pouvait venir que de Dieu et de la religion orthodoxe plus particulièrement (il détestait la religion catholique) Sa pensée est visionnaire mais sa conclusion se différencie de celle de Camus. Terminons par cette phrase : L'essentiel est que tout devienne simple, comme pour l'enfant, que chaque acte soit commandé, que le bien et le mal soient désignés de façon arbitraire, donc évidente. [...]
[...] On sent que tout est fait pour convaincre l'interlocuteur, pour ne pas lui laisser trop de possibilités de contradictions. Quand une question est posée, il est flagrant qu'il n'attend pas de réponse, que c'est lui qui va répondre. Camus utilise aussi parfois des Hein ? qui accentuent encore plus le ton d'une conversation. Et, tout à la fin, apparaît soudain un Nous car il sent que son interlocuteur est quelque part son semblable. [...]
[...] Il n'est pas déterminé. - Dans ce livre, il y a beaucoup de phrases comparables aux Caractères de La Bruyère : Mon attention éveillée, il ne me fut pas difficile de découvrir que j'avais des ennemis . Pour les uns, je les avais obligés. Pour d'autres, j'aurais dû les obliger. Et encore : Croyez-moi, les religions se trompent dès l'instant qu'elles font de la morale et qu'elles fulminent des commandements. Dieu n'est pas nécessaire pour créer la culpabilité, ni punir. [...]
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