L'Etranger, roman en 11 chapitres écrit par Albert Camus « d'une traite » en 1942 est ici objet d'une lecture particulière, d'être rattaché au roman du crime. On tâchera de voir en quoi ce « roman algérien » pose une énigme, qui concerne aussi bien le narrateur (à la première personne) que le lecteur à qui il semble ne pas s'adresser et dans quelle mesure, il s'offre à une lecture/écriture plurielle, devenant une machine à romans.
Extrait : "À propos de l'Étranger Camus parle de roman algérois, d' "une terre, un ciel, un homme façonne par cette terre et ce ciel" et il est vrai, comme on l'a vu, que toute la première partie contient des éléments évocateurs de cette terre.
Dès l'enterrement (mais on pourrait aussi parler du langage - très oralisé - de Meursault, plus parlant qu'écrit en apparence), nous nous trouvons dans ce pays de soleil : « l'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger » (p.9) ' Je suis entré. C'était une salle très claire, blanchie à la chaux et recouverte d'une verrière » (p.13)... l'incessant ronflement du moteur, et ma joie quand l'autobus est entré dans le nid de lumières d'Alger » (p.31) - chap I. La présence du soleil est envahissante : « Le soleil était monté un peu plus dans le ciel » (p.23). Aux chapitres suivants, on peut « voir » et « sentir » la nature (la mer, la plage, le soleil), mais aussi les intérieurs, le bureau, les façons de vivre des personnages. Ces derniers ont des noms très marqués : Marie Cardona, Raymond Sintès, Salamano, des noms d'origine espagnole ou italienne, des noms de « pieds noirs ». Le quartier, on le devine, est le quartier de Belcourt que Camus connaissait bien, quartier populaire."
[...] (Irish, Patrick Quentin, Charles Williams). On peut observer que dès que les règles deviennent contraignantes, il y a rupture et apparition de nouvelles règles, bien que plusieurs formes de roman policier puissent coexister. Le nouveau genre ne se constitue pas nécessairement à partir de la négation du trait principal de l'ancien, mais à partir d'un complexe de propriétés différent, sans souci de former avec le premier un ensemble logiquement harmonieux. Évidemment, pour en revenir à l'article sur Sanctuary, le but de l'article est de montrer que Faulkner n'utilise les règles d'un genre (le thriller) que pour mieux les subvertir, en décalant les événements, les personnages, les divers langages et pour, en fin de compte, en faire toute autre chose. [...]
[...] Il garde l'énigme du premier, les deux histoires, mais ne réduit pas, comme le second, la seconde histoire à une simple détection de la vérité. La seconde histoire prend ici la place centrale. Le lecteur est intéressé par ce qui est arrivé avant mais aussi par l'avenir. Il y a curiosité et suspense. Deux sous-types : à détective vulnérable (Hammett, Chandler), le second histoire du suspect- détective ».C'est souvent le cas du personnage (principal) soupçonné d'avoir commis le crime devant rechercher le vrai coupable. [...]
[...] Le soleil, quant à lui, est un élément ambigu, une figure ambivalente. Il peut être lié au bonheur, remplissant une fonction protectrice et exaltante - que l'on peut retrouver dans Noces ou dans l'Envers et l'Endroit où Camus parle de joie confuse et étourdissante. Ici, l'auteur salue la lumière comme cette délicate saveur qui livre le secret du monde Le plus souvent, cependant, le soleil brûle, dessèche, écrase et renvoie l'homme à sa solitude et au néant. Ce n'est pas par hasard que Meursault dit, page 94 : C'était le même soleil que le jour où j'avais enterré maman (parallélisme avec le chapitre I). [...]
[...] Il n'y a ni énigme, ni devinette. Ici, il y a deux formes d'intérêt tout à fait différentes : la première, est la curiosité et sa marche va de l'effet (un cadavre, des indices) à la cause (le coupable et ses mobiles). À deuxième forme est le suspense et va de la cause à l'effet (des gangsters qui préparent un mauvais coup, un meurtrier qui rôde) et notre intérêt est soutenu par l'attente de ce qui va arriver, des effets. [...]
[...] On avait alors fait une enquête à Marengo ' lui dit-on (p.101) Dans le souci d'être honnête, -Camus utilise le mot de bienveillance pour caractériser son apparent détachement- Meursault dit un certain nombre de vérités : tous les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu'ils aimaient (réponse à Dostoïevski). . Mes besoins physiques dérangeaient souvent mes sentiments ' ' J'aurais préféré que maman ne mourût pas (p.102), etc., qui vont être utilisés contre lui. C. L'énigme Il est vrai que M. apparaît souvent comme quelqu'un qui ne prend part à sa propre vie et raconte son histoire comme si elle ne le concernait pas. [...]
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