Agamemnon, Eschyle, tragédie théâtrale, Grèce Antique, Argos, Orestie
La tragédie est un genre théâtral dont l'origine remonte à Athènes au Ve siècle avant J-C. Mettant en scène des personnages de rang élevé, elle se dénoue très souvent par la mort d'un ou de plusieurs personnages et s'illustre à l'époque antique notamment par Eschyle, qui participe à sa naissance. Son théâtre est remarqué pour sa force dramatique, la tension et l'angoisse qui habitent ses pièces, notamment dans L'Orestie, une trilogie centrée sur les Atrides qui remporte le concours en -458 et dont Agamemnon est la première pièce.
[...] En conclusion, cet extrait, qui semble de prime abord centré sur l'amour, laisse finalement apparaître une mise en scène énigmatique le rendant quelque peu ambigu, même si cet aspect prend son sens à travers la duplicité dévoilée de Clytemnestre, mise au service de la catharsis. En effet, le spectateur ne peut éprouver que crainte et pitié en connaissant le destin malheureux d'Agamemnon, mais finalement peut-être aussi en imaginant celui de son épouse meurtrière, puisque si la Justice a rattrapé celui-ci pour sa faute, il est logique qu'elle rattrape également la reine pour la sienne. Il faudra effectivement attendre la tragédie suivante, Les Choéphores, pour qu'Oreste venge la mort de son père. [...]
[...] Au niveau de leur volume de parole en premier lieu, puisqu'il est loin d'être égal. C'est la reine qui domine largement. Mais ensuite, au niveau de leurs paroles elles-mêmes, car l'emphase caractérise les propos de la reine, dans son désespoir comme dans ses louanges, alors que le roi se montre plus concis et moins émotif. Il paraît même s'agacer de l'étalage de sa femme, comme le prouve l'adverbe « longuement » qu'il emploie pour qualifier son temps de parole. Ce décalage intervient aussi au niveau de leurs valeurs, car il devient vite évident qu'ils ne partagent pas les mêmes. [...]
[...] Enfin, nous l'étudierons comme placé sous le signe de la duplicité, mise au service du tragique. Dans un premier temps, cet extrait relatant la réunion de deux époux nous apparaît comme un dialogue centré sur l'amour. Tout d'abord, il a lieu dans un contexte spécifique, puisqu'il s'agit de retrouvailles faisant suite à une longue et difficile séparation en raison de la Guerre de Troie qui a duré dix ans. Cette séparation, sur laquelle Clytemnestre insiste beaucoup avec, notamment, la répétition du substantif « retour », l'adjectif qualificatif « seule », le groupe verbal « rester sans époux » et le nom commun « attente », l'a plongée dans la solitude. [...]
[...] Ces propos restent assez vagues à première vue, car ils laissent deviner le malheur qui se profile à l'horizon plutôt qu'ils ne l'annoncent clairement. L'ambiguïté de ce dialogue transparaît donc à la fois par la mise en scène qu'il semble représenter, par le contraste existant entre les deux époux, et par la présence de propos décalés ou énigmatiques ; ce qui peut nous amener à conclure à l'hypocrisie de Clytemnestre. Ainsi, nous verrons dans un dernier temps qu'il s'agit finalement d'un échange caractérisé par la duplicité ; une duplicité mise au service du tragique. [...]
[...] Quand il accepte finalement de fouler les « tapis de pourpre » jusqu'au palais, il ne se doute pas qu'il scelle ainsi son destin. Mais cette compassion vient aussi du caractère sympathique de la cible. En effet, non seulement il a échappé à des « périls inévitables » et représente le « pied qui a renversé Ilion », mais en plus, il est modeste et sage, comme le montre cette citation : « Ma renommée n'a pas besoin d'essuie-pieds et de broderies pour être proclamée, et la prudence est le plus grand présent des dieux ». [...]
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