La tragédie biblique du protestant Théodore de Bèze, écrite en vers, a été jouée en 1550 par les élèves de l'académie de Lausanne où l'auteur enseigne le grec depuis deux ans. Puisant sa matière dans la Bible (Genèse, 15), la pièce expose les tourments d'Abraham à qui Dieu ordonne de sacrifier son fils Isaac.
[...] Avec Sara, sa femme, il chante ensuite les louanges de Dieu. Déguisé en moine, Satan expose son projet : assaillir Abraham, le faire désobéir à Dieu. Il ne quittera plus la scène. Abraham souffre à l'idée de devoir mettre à mort son fils pour avoir offensé Dieu. Dans un cantique, les bergers rappellent la vie d'Abraham et Isaac se dit prêt à toujours obéir à Dieu. Anxieuse pour son fils, Sara voudrait retarder son départ. Satan expose à nouveau son projet. [...]
[...] Au théâtre antique Bèze reprend le chœur sous la forme de la troupe des bergers. C'est une tragédie à fin heureuse. De l'aveu même de son auteur, elle tient aussi de la comédie. Aux mystères médiévaux il emprunte le personnage du diable, présent, par exemple, quand Judas meurt. Mais dans ces spectacles mettant en scène le sacrifice d'Abraham, (dont celui du Vieil Testament), Satan était absent. De façon originale, l'esprit du mal n'est en interaction avec aucun autre personnage. Il multiplie les assauts qui expliquent les moments où Abraham est en proie au doute. [...]
[...] Sara exprime ses craintes. Satan fait lever la révolte dans l'esprit d'Abraham qui manifeste son incompréhension à Dieu. Il se repent ensuite de ses propos et il fait entendre des doutes sur l'origine de cet ordre cruel : s'agit-il d'un songe ? Satan ne serait-il pas impliqué ? La descendance d'Isaac n'est-elle pas promise à un bel avenir ? Mais il finit par se résigner à réaliser le sacrifice. Abraham ayant avoué la vérité à Isaac, le fils se résout à être sacrifié. [...]
[...] L'opposition de Satan à Dieu est exprimée par des vers antithétiques (v. 198-199 ; v. 201-202 ; v. 207-208 ; v. 209-210) et par les coupes 4 (Dieu) + 6 (Satan, supérieur en syllabes donc) : v. 203-206). L'anachronisme est de mise avec la mention des Anges reluisants (v. 210) : ce sont les prêtres, les évêques et les archevêques. Le comique est assuré par le pittoresque et burlesque des vers 211-216) : les pécheurs (luxurieux et gourmands) sont présentés comme de jolis anges ( Chérubins . . [...]
[...] Tous ces paillards, ces gourmands, ces ivrognes Qu'on voit reluire avec leurs rouges trognes, 215 Portant saphirs et rubis des plus fins, Sont mes suppôts, sont mes vrais Chérubins. Satan commence par relater son activité incessante (v. 195-197), puis il évoque sa confrontation avec Dieu en précisant d'abord les lieux (terre et ciel), puis la guerre et la paix et, enfin, leur entourage réciproque. La frénésie de Satan est suggérée par les coupes du vers 195 et par l'utilisation des verbes d'action ( aller , en polyptote aux v. 195 et 196 ; venir, au v. [...]
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