Afin d'étudier les personnages, il est important que soient prises en compte les conditions particulières du discours, que sont : l'écriture du récit à la première personne, ainsi que l'intérêt qu'apporte ce récit rétrospectif qui impose un prisme déformant la narration, comme une justification de ses actes passés. C'est en souhaitant respecter la tradition des romans classiques, que l'Abbé Prévost ne perd pas de temps à décrire physiquement ses personnages. De la femme de cette histoire, peu de chose nous sont livrées, mis à part que la Nature lui a offert « ces yeux fins et languissants, ce port divin, ce teint de la composition de l'Amour » ; ou encore « une figure capable de ramener l'Univers à l'idolâtrie », elle est tellement belle qu'elle apparaît comme une « personne du premier rang »
Le cas est le même, en ce qui concerne les origines sociales de la belle, nous ne connaissons que peu de choses. Ses parents ont décidé de l'envoyer au couvent, dans le seul dessein qu'elle devienne religieuse, puis plus rien ne nous sera communiqué. Manon a un frère, ou du moins il se fait passer pour tel, très peu recommandable qui travaille comme garde du corps.
[...] Je n'ai jamais vu de plus vive image de la douleur Il se présente lui-même comme un jeune homme amoureux, atteint d'une passion qui le rend le plus infortuné des hommes Le reste du roman répond à cette première orientation. Si l'on en croit le récit, le chevalier n'a rien de ce qu'il va devenir, c'est-à-dire un libertin, un escroc. En effet, l'amour qui le lie à Manon est sincère, il lui propose à deux reprises de l'épouser. Il sait qu'il lui sacrifie un brillant avenir, l'affection de toute sa famille et surtout celle de son père, le meilleur ami qui soit. [...]
[...] Elle s'efface, et la vie du chevalier des Grieux reprend son cours. II. Le personnage contradictoire du chevalier Toute comme pour Manon, nous n'avons pas la chance de connaître physiquement des Grieux. L'unique chose que nous connaîtrons de ce personnage est que Manon le trouve aimable De plus, il a des cheveux fort beaux et tous les Princes d'Italie ne valent pas un des cheveux que je tiens déclare sa belle. Néanmoins, le lecteur est plus renseigné sur le profil social : c'est un noble, et c'est pour cela que Manon peut être fière d'avoir fait la conquête d'un amant tel que lui Mais il n'est pas l'aîné, ce qui le prive de l'héritage familial, c'est aussi la raison pour laquelle il est poussé vers les ordres. [...]
[...] je veux mourir, m'écriai- je, pour finir mes peines ? Ah ! Souffrons jusqu'aux plus cruelles extrémités pour secourir ma maîtresse ; et remettons à mourir après les avoir souffertes inutiles Bien que le chevalier ait une idée bien arrêtée de la supériorité de son rang. Mais, il se permet de mentir à son meilleur ami, il triche au jeu et se comporte de plus en plus souvent en hypocrite, tout en agissant avec lâcheté. La noblesse d'esprit qui lui avait pourtant acquis après une solide éducation est partie en fumée après le passage de sa douce et belle Manon. [...]
[...] Sans jamais qu'il ne se plaigne. Chacun des deux personnages exerce, que ce soit par l'allure de Manon, ou bien par le récit du chevalier, une forte séduction sur leur entourage ainsi que sur le lecteur. Ce ne pourrait être rendu possible sans l'ambiguïté que l'auteur laisse planer autour d'eux, une ambiguïté envoutante. [...]
[...] De plus, le pauvre chevalier fait parfois preuve de naïveté, ou d'un aveuglement, ce qui ne peut que nous le rendre sympathique. Un exemple frappant est la confiance totale qu'il a dans la fidélité de Manon : lorsqu'il se rend compte de l'infidélité de Manon avec GM, au lieu de se méfier, il se réjouit d'être aimé d'une fille que tout le monde trouvait aimable Le lecteur peut donc penser que c'est un personnage faible. Tout d'abord, il cède à tous ses désirs dans le simple but d'assouvir le sien. [...]
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