- "C'est moins mon histoire que je donne au public, que celle de mes deux frères et de ma soeur", déclare le narrateur - le doyen de Killerine -, qui a alors une quarantaine d'années. Il commence l'ouvrage par un rapide autoportrait : catholique, il a pris le monde en haine (15) et est amoureux de la solitude ; de surcroit, la nature ne l'a guère gâté : il est d'une laideur notable et frise la difformité : "toute ma figure semblait être une vocation marquée pour un autre état que le monde (...)".
- A 16 ans, son père lui chercha une épouse, dont le futur doyen remarqua l'ambivalence des sentiments, où l'amour s'effaçait en fait devant l'ambition (16). Le doyen est paralysé par sa propre difformité (16) et désire vivre dans le célibat ; son père épouse la jeune femme à sa place ; des enfants naissent bientôt de leur union ; le doyen s'en occupe et commence "à leur former l'esprit et les moeurs". Leurs divertissements sont alors des plus innocents. Le doyen profite de ces années pour pénétrer le fond du caractère de ses frères et soeurs (18) : il distingue avec précision et attention leurs humeurs (...)
[...] Le doyen s'étonne alors de sa timidité ; c'est qu'en fait, sa femme est encore vivante, mais il espère la voir expirer bientôt (130) : voilà qui explique sa grande discrétion et son désir de cacher son identité. Quittant le comte, le doyen est déchiré : que dire à Rose ? Il ne peut ni lui dire toute la verte, ni la cacher totalement (132) ; J'ai vaincu le cœur de Patrice, mais c'était par des motifs qui feront toujours une juste impression sur le cœur d'un homme sensible. [...]
[...] Le doyen mène Mlle de L à sa sœur et voit en elle une compagne aimable Il apprend son projet d'établissement à Georges (164) : toutefois, Georges refuse catégoriquement de trahir son frère par une telle liaison (164) : loin de nuire aux amours de son frère, il était résolu ajouta-t-il, de le servir de tout son pouvoir (164) ; il est bien conscient que l'estime et la reconnaissance sont des sentiments qu'il doit à son épouse, et qu'il ne perdra jamais ; mais il imagine aussi toute la force de la passion de son frère pour Mlle de L (164). Le doyen ne voit dans ces propos qu'un cruel badinage de la part du profane Tenermill (164) ; celui-ci rétorque : Changerez-vous les usages du monde ? Empêcherez-vous que ceux qui sont obligés d'y ivre, ne le soient aussi de se conformer à ses maximes ? [...]
[...] Patrice se répand en marques de repentir et d'amour (345) Toutefois, la jalousie de Georges s'éveille (345) ; tous le craignent, sauf Patrice. Les deux frères semblent divisés pour toujours (347). Les reproches de Georges au doyen pleuvent : il me reprocha ouvertement d'avoir abusé de sa confiance pour le trahir, et d'avoir préféré pendant toute ma vie les intérêts de Patrice au sien (347) ; le doyen tente alors de lui exposer combien l'aventure de Patrice avec Mlle de L . [...]
[...] Résolu à repartir en Irlande avec Rose, le doyen se rend au couvent ; sa sœur l'interroge sur Patrice et se désole de son mariage, estimant qu'il a trahi avec perfidie Mlle de L : voilà donc le fond que nous avons à faire sur les serments des hommes ! (124) ; elle ne peut 8 concevoir comment il a pu renoncer à sa passion. Le doyen, ne partageant pas ses idées, réagit très fermement : ( ) Que veulent dire ces maximes insensées qui représentent une frivole passion comme un obstacle invincible, et le malheur comme inséparable de la vertu ? ( ) (125). [...]
[...] Sur son lit de mort, le père de Linch dit à son fils de ne se rebuter jamais des froideurs d'une femme vertueuse (115) ; Linch agit dont non point sans autorité et sans exemple ! Reste que le doyen sait que l'aveuglement consiste précisément dans cette malheureuse obstination qui lui faisait tout expliquer en sa faveur Le doyen s'explique sur ses principes concernant le mariage, avec un art du distinguo subtil (115-116). Bientôt, les deux hommes gagnent Paris et apprennent qu'un inconnu se rend deux fois par jour chez Rose ; le doyen découvre qu'il s'agit du laquais de des Pesses, qui ne fait que venir aux nouvelles de la part de son maître (117). [...]
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