La peste a été le fléau le plus dévastateur de l'humanité ; elle serait née en Asie, chez les Mongoles, aurait envahit la chine, l'Inde, le Moyen Orient, l'Afrique du Nord où elle aurait persisté, aux cours des siècles, à l'état endémique ; on ne savait pas la soigner et encore moins s'en protéger (...)
[...] Leurs ancêtres le savaient eux ! La raison : des guerres injustes que nous avons exportées dans ces pays auprès de populations qui nous avaient fait le seul tord de suivre la religion de Mohamed alors que nous suivions celle de Jésus ; des guerres que nous avons appelées croisades et qui ont décimé des innocents, versé beaucoup de sang, fomenté d'épouvantables massacres, nous ont valu en retour une haine bien méritée. Le nom de chrétien était devenu une exécration au Levant, en Syrie, en Arabie, en Perse, en Egypte, en Barbarie. [...]
[...] Les habitants de la Barbarie se différencient entre eux ; on appelle Maures ceux qui habitent les côtes ; Arabes ceux qui sont enfoncés dans les terres ; Arabes-Bédouins ou Berbères »ceux qui mènent une vie errante et qui souvent vivent de rapines ; l'on nomme Cabails les hordes qui cultivent la terre et nourrissent des troupeaux . La Barbarie : c'est le nom que l'on donnait à ce qui deviendra l'Algérie. Ce nom venait du grec, dérivé de berbère ; chez les Hellènes il n'avait certainement pas cette connotation péjorative qu'il a revêtue par la suite, pour preuve, le mot brave à la même étymologie que barbare. [...]
[...] Les lettres de l'abbé Poiret (Écrites pendant les années 1785 et 1786, éditées à Paris chez J.B.F né La Rochelle, librairie, rue du Hurepoix, près du Pont S. Michel, N°13 ; actuellement à la bibliothèque du Château de Vincennes CoteD1P12 ) 1ère lettre : La Calle mai 1785, à M.Fotestier, Docteur en médecine à Saint Quentin Qui est l'abbé Poiret ? L'abbé Poiret est un éminent naturaliste ; il fut coauteur, pour la botanique et la zoologie, de l'Encyclopédie de Diderot et de d'Alembert, un monument dont le but était d'inventorier l'ensemble des arts et des connaissances humaines au siècle des Lumières ; le succès fut tel que, pour la publication des premières éditions on avait utilisé toutes les réserves de pâte à papier de l'Europe entière. [...]
[...] Hostilités permanentes avec l'habitant Les ennemis les plus déterminés sont les Nadis, une proche tribu ; ils nous tendent des embuscades, nous volent nos troupeaux et tirent dès qu'ils aperçoivent l'un de nous, écrit l'abbé Poiret ; le botaniste est contrarié parce que cet état conflictuel l'empêche de sortir pour herboriser ; il garde cependant l'espoir de pouvoir s'évader avec la complicité des arabes qui viennent leur vendre leur blé ; ils lui paraissent plus sympathiques malgré leur costumes étranges et leur figure peu amène qui l'épouvante ; il a très peur mais il entend surmonter cette terreur avec l'habitude car il n'est pas venu en Afrique pour s'enfermer sur un rocher où trois cents corses et provençaux travaillent pour enrichir le négociant français La traversée de l'abbé s'est passé au mieux de ce que l'on peut souhaiter bien qu'il est souffert de la séparation de ses proches ; quand il aperçoit les côtes d'Afrique qu'on lui avait décrites comme essentiellement sèches et désertiques il est ravi de découvrir le contraire à telle enseigne que dès qu'il a un pied à terre sans prendre aucun repos, j'ai couru aux champ et j'y ai récolté l'anthyllis barba jovis, le sparium monospernum et bien d'autres trouvailles ; c'est au nom de la botanique que j'ai pris possession du pays Il se présente au Gouverneur de La Calle, un bouquet à la main, témoignant ainsi de l'intérêt qu'il porte à ses recherches, plus importantes que les civilités ; Toutefois, pour étonné qu'il puisse être, il réalise de la curiosité qu'il a éveillée tant chez ses compatriotes que chez les maures qui l'ont accueilli sur le rivage ; mais ce qui préoccupe le plus son esprit, c'est la révélation de ces côtes décrites inhospitalières et désertiques, consternantes et sujettes à l'accablement et qui sont au contraire un prolifique jardin de la nature Il manifeste un enthousiasme prodigieux à l'idée d'étudier tant de plantes dignes d'analyses et de notations, promet à son correspondant d'en faire une ample moisson et d'observer la vie des habitants et celle, errante des arabes-bédouins ; pour l'instant, écrit-il, ses idées sont brouillées ; il entend laisser le temps décanter cette confusion pour y mettre de l'ordre. J'ai l'honneur L'abbé Poiret ajoute à sa lettre, deux annotations : La haine des musulmans à l'égard des chrétiens et les différents habitants du pays. Ces arabes nous haïssent sans savoir pourquoi. [...]
[...] Très vite, pour donner une activité à chacun des membres de cette famille nombreuse, il va falloir se diversifier dans les échanges ; et frères, cousins et neveux deviendront des intermédiaires incontournables. A la suite de nombreuses vicissitudes où le bastion a failli disparaître, c'est après le bombardement d'Alger par Tourville et la paix rétablie entre la couronne de France et la Régence d'Alger que les activités reprennent en prospérité grâce à la diversités du commerce et la spéculations des devises ; du Bastion de France, à La Calle, il existe encore un dernier vestige de ce passé fort tourmenté, une tour de guet en ruine dont nous avons un cliché[2]. [...]
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