Ce document est un travail de recherche complet et entièrement rédigé qui reprend les romans "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" de Lee Harper, et "J'irai cracher sur vos tombes" de Boris Vian afin de leur trouver des similitudes et des points communs dans le but de réaliser une critique littéraire.
Il est également complété par des références bibliographiques qui ont aidé à présenter le raisonnement.
[...] La finalité principale d'un tel effet est l'ironie dramatique ainsi engendrée. En effet, la narratrice - Scout adulte - connaît l'issue des événements relatés : en particulier le procès, sur lequel se concentre le suspense de l'œuvre, sur lequel nous reviendrons. Le procédé narratologique employé par Harper Lee peut paraître artificiel, mais il confère paradoxalement une aura d'authenticité au roman : en effet, Lee est dans une position très proche de Scout adulte lorsqu'elle écrit le roman, en tant que femme blanche de classe plutôt élevée qui a grandi dans le Sud à la même époque. [...]
[...] Comme si cela ne suffisait pas, son auteur va beaucoup plus loin que Harper Lee pour fabriquer - paradoxalement - l'authenticité de son roman. En effet, Boris Vian s'est fait passer pour simple traducteur ; l'auteur, Vernon Sullivan, est censé être afro-américain. Par-delà cette information méta-textuelle et la position de Vian et du narrateur - qui informent toutefois grandement la lecture - l'authenticité est fabriquée dans le texte-même, par le style. En effet, Vian emploie de nombreux américanismes, des expressions qui sont censées passer pour de mauvaises traductions, mot pour mot. [...]
[...] Avec Lou et Jean Asquith, j'aurais ma revanche sur Moran et sur eux tous. Et ils ne me descendraient pas comme ils avaient descendu mon frère ». Le lecteur en déduit donc que la vengeance de Lee consiste à duper ses fréquentations blanches, qui déversent leur racisme en sa présence sans se douter de rien, et à coucher avec des femmes blanches issues de la bourgeoisie en échappant au châtiment qui a été réservé à son frère, comme à bien d'autres hommes noirs dans sa position. [...]
[...] Dans cet espace, elle peut librement utiliser le dialecte propre à sa communauté, alors qu'elle doit s'adapter à celui des Finch dans le cadre de son travail. Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur comme J'irai cracher sur vos tombes sont deux œuvres marquantes, aux accomplissements certains, qui sont aussi pleines de défauts : c'est peut-être d'ailleurs là que réside la fascination qu'elles exercent. Les derniers mots de Boo Radley pourraient être mis en exergue des deux romans : « Let the dead bury the dead ». [...]
[...] En termes de style et de ce que l'on pourrait presque appeler cosmologie, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur et J'irai cracher sur vos tombes ne pourraient pas être plus éloignés. Quelques similarités apparaissent lors de lectures successives mais elles peuvent sembler superficielles : c'est le thème au sens très large (le racisme anti-Noirs), le lieu (le Sud des Etats-Unis - très vague dans le cas de Tombes), l'époque (l'Amérique ségrégationniste, pré-mouvement pour les droits civiques), traités trop différemment pour être vraiment assimilables. [...]
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