Analyse complète des procédés linguistiques qui permettent de dénoncer la guerre, la barbarie, la philosophie de Leibniz et l'optimisme ainsi que le fanatisme religieux dans Candide de Voltaire.
[...] » Ces guerres cruelles et absurdes reçoivent en outre la bénédiction de la religion. « les deux rois faisaient chanter des Te Deum chacun dans son camp ». La religion se range du côtés des assassins, tandis que c'est un « bon anabaptiste », « qui n'avait jamais été baptisé », Jacques, qui recueille charitablement Candide, le soigne et le traite comme devraient être traités tous les hommes, en « frères », des « êtres à deux pieds sans plumes, qui (ont) une âme ». [...]
[...] Elle constitue donc l'un des meilleurs outils d'une « dissidence de la pensée ».[8] BIBLIOGRAPHIE Voltaire, Dictionnaire philosophique, article « Guerre »; JAUBERT, Anna. « Dire et plus ou moins dire. Analyse pragmatique de l'euphémisme et de la litote », Langue Française, vol. CLX p. 105- 116; Jean Starobinski, Le Remède dans le mal: Critique et légitimation de l'artifice à l'âge des Lumières, NRF essais GÉRAUD, Violaine. « L'ironie au siècle des Lumières », L'information grammaticale, vol. LXXXIII p. 3-8. Anna Jaubert distingue trois types d'ironie: l'interrogation faussement naïve (ironie socratique), l'agression ironique, et la soumission à Dieu (ironie par antiphrase). [...]
[...] Ce conte philosophique est donc riche des expériences passées de son auteur, comme par exemple du souvenir du tremblement de terre qui fit entre et victimes en 1755 à Lisbonne, catastrophe qui inspira à Voltaire la rédaction du Poème sur le désastre de Lisbonne (1956) et à laquelle il est fait explicitement référence dans Candide. Le conte s'appuie aussi sur d'autres éléments de la vie de son auteur, notamment son séjour malheureux en Prusse et son installation à Fernay, où il aimait pratiquer l'horticulture, « cultiver son jardin ». Plus que ses contes philosophiques antérieurs (Zadig, L'Ingénu, Micromégas ) Candide exprime les interrogations de Voltaire sur la question du Mal sur terre. L'ironie, très présente dans ses autres contes, y devient plus cinglante et dénonciatrice. [...]
[...] Candide est donc, peut-être plus qu'aucun autre conte de Voltaire, un conte philosophique. Deux personnages guident le héros éponyme dans sa quête, Pangloss l'indéfectible optimiste, et Martin le pessimiste manichéen. La conclusion de Voltaire, homme des Lumières, désireux de croire en les capacités de l'homme à construire, grâce au progrès, un monde plus juste, sera que ni l'une ni l'autre de ces positions philosophiques n'est tenable. Tout au long du récit, Voltaire dresse un réquisitoire contre l'optimisme de Leibniz, comme toujours sur le ton de l'ironie. [...]
[...] Le registre pathétique est convoqué, Voltaire voulant éveiller l'indignation et la pitié de ses lecteurs. Toutefois une litote ironique particulièrement grossière apparaît encore à propos du viol des jeunes filles: « des filles éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros ». Et l'on trouve de nouveau l'antiphrase ironique qui fait choisir à Voltaire le terme de « héros » pour parler de brutes sanguinaires. Dans l'article « Guerre » de son Dictionnaire philosophique, il qualifiera les généraux d'armées de « chefs des meurtriers ». [...]
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