La première question qui doit être posée – qui devra aussi être la dernière – est celle de la pertinence d'une telle approche. Pourquoi attaquer Tristan par Freud et Jung, et surtout : à quoi bon ? L'étudiant en lettres apprend à se méfier des méthodes psychologisantes en analyse littéraire. À quoi bon, donc, mais aussi : quel sujet étudier ? Les récits médiévaux de Tristan et Iseut sont des reprises, et se présentent comme telles, d'un hypothétique Urtext dont on ignore l'auteur et même jusqu'à l'existence. Qui psychanalysera-t-on ? L'auteur conjectural d'un récit fantomatique ? Ou alors, les personnages ? Mais dans ce cas, quel intérêt de découvrir, ici un complexe d'Oedipe mal résolu, là un affrontement à tel archétype ?
La différence et l'altérité des textes médiévaux invalideraient à jamais tout recours à la psychanalyse, si celle-ci avait besoin d'un auteur (doté d'un conscient), d'un texte et d'une écriture (un noeud de symptômes), en somme de tout ce à quoi le Moyen Age n'a donné consistance que tardivement. Et si cela est vrai, débusquer le phallus derrière l'ombre de la fée et de la Dame du troubadour, ou brandir avec chaque épée la menace de la castration, ce n'est pas cela qui élargira notre connaissance de la culture médiévale ni fera beaucoup avancer la critique littéraire. Pour comprendre le bien-fondé d'une telle démarche, il faut questionner la nature du récit en question. De fait, l'histoire de Tristan et d'Iseut n'est pas un simple roman, fût-il à succès : Denis de Rougemont la décrit comme un mythe, et Michel Cazenave en fait une légende. Qu'est-ce à dire ? Pour de Rougemont, on pourrait dire d'une manière générale qu'un mythe est une histoire, une fable symbolique, simple et frappante, résumant un nombre infini de situations plus ou moins analogues. Le mythe permet de saisir d'un coup d'oeil certains types de relations constantes, et de les dégager du fouillis des apparences quotidiennes. Mais le caractère le plus profond du mythe, c'est le pouvoir qu'il prend sur nous, généralement à notre insu. Ce qui fait qu'une histoire, un événement ou même un personnage deviennent des mythes, c'est précisément cet empire qu'ils exercent sur nous comme malgré nous.
[...] Vu du conscient, il s'agit d'un contenu qui semble n'avoir que peu d'importance auquel on n'ose accordé une vertu libératrice ou délivrante. Quand la conscience se trouve prise dans une situation de conflit, les forces qui s'y combattent semblent tellement puissantes, que le contenu qui apparaît isolé, est hors de proportion avec les facteurs de la conscience. On le néglige donc facilement et on retombe sous l'emprise de l'inconscient. Voilà du moins ce qui serait à craindre si tout se passait selon les plans de la conscience. [...]
[...] dans ce champ poétique, l'objet féminin est vidé de toute substance réelle. La sublimation Nous voyons ici fonctionner à l'état pur le ressort de la place (la qu'occupe la visée tendancielle dans la sublimation, c'est à savoir que ce que demande l'homme, ce qu'il ne peut faire que demander, c'est d'être privé de quelque chose de réel. Ce que la poésie courtoise tend à faire, c'est à situer, à la place de la Chose, et à cette époque dont les coordonnées historiques nous montrent quelque discord entre les conditions particulièrement sévères de la réalité et certaines exigences du fond, quelque malaise dans la culture. [...]
[...] Même la meilleure tentative d'explication n'est jamais qu'une traduction plus ou moins réussie en une langue qui se sert d'autres images. Le thème de l'enfant est représentatif de l'aspect infantile préconscient de l'âme collective. Certains chapitres de la vie individuelle peuvent devenir indépendants et acquérir une personnalité, au point qu'on peut en arriver à une sorte de dédoublement, à une “autospection”. La fonction de l'archétype (p. 120) L'archétype n'est pas seulement un résidu, mais aussi un système fonctionnant actuellement, destiné à compenser de façon raisonnable les partialités et les extravagances de la conscience, éventuellement à les corriger. [...]
[...] Mais, de même que tout individu est issu de gênes mâles et femelles, et de même que tout sexe est déterminé par la prépondérance des gênes correspondants, ainsi en est-il du psychisme: dans le cas de l'homme, seul le conscient est marqué du signe masculin, alors que l'inconscient porte la marque féminine; chez la femme le cas est renversé. L'enfant comme être initial et final (p. 139) L'enfant est aussi renatus in novam infantiam. Il n'est donc pas seulement un être du début, mais aussi un être de la fin. L'être initial était avant l'homme, l'être final est après l'homme. Psychologiquement, cette affirmation signifie que l'enfant symbolise la nature préconsciente et postconsciente de l'homme. L'enfant est le délaissé, l'abandonné, et en même temps le divinement puissant. [...]
[...] Le complexe maternel Les effets du complexe maternel sur le fils sont: autocastration, folie, mort prématurée. Chez le fils, le complexe maternel n'est pas pur, parce que l'on se trouve en présence d'une dissimilitude de sexe. Cette différence est la raison pour laquelle, dans tout complexe maternel masculin, l'archétype de la partenaire sexuelle, c'est-à-dire l'anima, joue un rôle important à côté de celui de la mère UN AUTRE POINT DE VUE SUR LE MYTHE TRISTANIEN : JACQUES LACAN, L'ETHIQUE DE LA PSYCHANALYSE L'AMOUR COURTOIS EN ANAMORPHOSE La Domnei L'objet, nommément ici l'objet féminin, s'introduit par la porte très singulière de la privation, de l'inaccessibilité. [...]
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