Yukio Mishima, Ozamu Dazai, sexualité dans la littérature moderne au Japon, nihilisme, période Edo, illusion, homosexualité au Japon, contraintes sociales japonaises, Fumiko Enchi, Yuko Tsushima, place des femmes au Japon
En juin 1948, le romancier Ozamu Dazai se suicidait. Âgé de 38 ans, il venait tout juste de terminer son chef-d'oeuvre, "Je ne suis pas un homme". Sa notoriété dépassait toutes ses espérances. Il plongea dans le canal Tamagawa à Tokyo, en compagnie de sa maîtresse, Tomie Yamazaki, et s'y noya avec elle. Avec son esprit acerbe et sa vision nihiliste du monde, Dazai avait sans doute été l'auteur le plus favorisé par la baisse d'intensité de la censure au Japon après la défaite de la Seconde Guerre mondiale. Il avait scandalisé et dans le même temps fasciné la société par son style de vie personnel. Il avait eu des enfants hors des liens du mariage et prenait un malin plaisir à dépeindre dans ses romans des relations non traditionnelles, le tout apparemment sans éprouver la moindre des hontes sociales.
[...] L'héritage subversif de Mishima continua d'être ressenti des décennies plus tard. Dans ses trois romans des débuts, publiés entre 1979 et 1982, Écoute le chant du vent, Flipper et La Course au mouton sauvage, Haruki Murakami fait référence au suicide rituel de Mishima le 25 novembre 1970. Au moment où la sexualité tortueuse de l'écrivain quittait le premier plan de la scène littéraire, l'écho de la révolution sexuelle qui se vivait en Occident commençait d'atteindre le Japon. À partir des années 1970, la nature changeant de la sexualité au Japon fut évoquée avec brio par des auteurs comme Haruki Murakami ou Ryu Murakami. [...]
[...] Ozamu Dazai et Yukio Mishima – La sexualité dans la littérature moderne au Japon I. Ozamu Dazai En juin 1948, le romancier Ozamu Dazai se suicidait. Âgé de 38 ans, il venait tout juste de terminer son chef-d'œuvre, Je ne suis pas un homme. Sa notoriété dépassait toutes ses espérances. Il plongea dans le canal Tamagawa à Tokyo, en compagnie de sa maîtresse, Tomie Yamazaki, et s'y noya avec elle. Avec son esprit acerbe et sa vision nihiliste du monde, Dazai avait sans doute été l'auteur le plus favorisé par la baisse d'intensité de la censure au Japon après la défaite de la Seconde Guerre mondiale. [...]
[...] Au Japon, les perspectives alternatives sur la sexualité continuent de lutter pour une acceptation élargie. En 2013, quand une exposition majeure des Shunga, ces peintures et gravures érotiques, eut lieu à Londres, certains Japonais étaient embarrassés de s'y rendre. En 2014, l'artiste japonaise Rokudenashiko fut arrêtée pour avoir distribué des scans en 3-D de son vagin. Les collets montés respectables de l'ère meiji n'ont pas véritablement relâché leur emprise sur la transgression sexuelle. L'intérêt déclinant des Japonais pour le sexe a fait l'objet de nombreux rapports, avec une enquête du National Institute of Population and Social Security publié en septembre 2016 affirme que des personnes célibataires de 18 à 34 ans ne vivent aucune relation amoureuse. [...]
[...] La sexualité est certes une question complexe, mais les romanciers modernes, de Dazai à Mishima et à Kono, offrent la meilleure carte pour traverser le labyrinthe de l'identité comme du désir sexuel au Japon. [...]
[...] Pour Dazai, en effet, il était inutile de chercher le bonheur dans l'amour romantique. Il semblait fasciné par les aventures illicites, celles que condamnaient par avance les contraintes sociales et morales pendant la période Edo (1603 à 1868) et qui résultaient dans le shinju, le double suicide d'amour, comme il est dépeint dans les œuvres du dramaturge Chikamatsu Monzaemon. Pour Dazai, la destination naturelle de l'amour est la mort elle-même. Aucune dose de succès mondain – dont Dazai bénéficia pleinement – ou d'amour romantique ne put contredire le regard qui était celui de Dazai sur la vie : pour lui, l'existence n'avait pas de sens. [...]
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