Ce dossier de littérature, entièrement rédigé et de niveau licence, est divisé en deux parties. Dans la première, vous trouverez un résumé complet de la dernière partie de "Morales du grand siècle" de Paul Bénichou, intitulée "Molière". La seconde partie quant à elle se consacre à la discussion du "Misanthrope" à la lumière de l'ouvrage de Paul Bénichou.
[...] Et qu'il ne s'attache pas non plus à la question de l'évolution très frappante du comique dans cette dernière. On ne trouve dans aucune autre pièce de Molière un tel portrait d'un homme, avec ses qualités et ses tristes défauts, sa faiblesse et son impuissance à réaliser son idéal. Alceste n'est plus tout à fait un type comme le sont l'Avare, le Tartuffe ou même Don Juan, car ces derniers symbolisent toujours des vices humains condamnables et propices à la moquerie, tandis que le Misanthrope souffre, et plus encore, il souffre au fond de ses qualités, de leur mauvais emploi, de son incapacité à les mettre réellement en pratique. [...]
[...] Avec l'élargissement de l'horizon humain en ce début des temps modernes, le modèle chrétien qui avait dominé les siècles passés commence à s'estomper. Du côté du « bourgeois », la plume de Molière est à l'évidence toujours sarcastique. « Il n'est pas un seul des bourgeois de Molière qui présente, en tant que bourgeois, quelque élévation ou valeur morale; l'idée même de la vertu proprement bourgeoise se chercherait en vain à travers ses comédies ». Le bourgeois est toujours médiocre ou ridicule. [...]
[...] Leur mariage au dénouement témoigne du choix final de Molière en faveur du bonheur raisonnable, cette « solution la plus tranquille et la plus évasive à la fois » . Et pourtant . Si Philinte et Eliante semblent faire triompher une « morale mondaine » équilibrée, le héros de la pièce, celui qui fait rire mais crée aussi un fort malaise et de la pitié chez les spectateurs n'en reste pas moins Alceste, qui en est la part héroïco-poétique. Et c'est bien Alceste qui a traversé le temps. [...]
[...] Il s'associe par là à un mouvement général du siècle chez les aristocrates cultivés. Cette défense de la liberté en amour se verra contestée au XIX ème siècle, et la critique ira alors jusqu'à considérer Molière comme « le défenseur de la famille bourgeoise » lui qui s'était toujours « fort peu soucié de la Famille ». Sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres, les personnages de domestiques dans son théâtre rejoignent les personnages d'aristocrates. « La franchise et l'audace » dont font preuve notamment les servantes renforcent et étoffent « le libéralisme élégant des honnêtes gens ». [...]
[...] » Tel n'est pas le cas du misanthrope décrit par Molière. Ses vices de caractère semblent bien dominer son esprit de révolte, drame psychique créé donc par un auteur plutôt conservateur, comme l'a bien vu Rousseau quand il a estimé que « Molière disqualifiait le misanthrope de façade par la révélation du misanthrope secret et de ses faiblesses: la manière dont il a façonné Alceste est à elle seule une véritable argumentation contre la vertu exigeante et réformatrice. » Et c'est bien sûr dans le comportement amoureux du personnage qu'apparaît pleinement l'incohérence de ses principes. [...]
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