Commentaire composé sur la Loreley de Guillaume Apollinaire dans son recueil Alcools
I Un poème narratif
a) Le récit
b) Forme d'un conte
c) La légende Rhénane
II La Loreley : La séductrice malheureuse
a) Une beauté souveraine
b) Une femme maudite
c) Eros et Thanatos
III Un mythe traditionnel modernisé par Apollinaire
a) Inspirations du poète
b) La musicalité du texte
c) Le renouvellement de l'écriture
[...] La Loreley cumule en effet toutes les obsessions et toutes les images féminines d'Apollinaire : la femme qui est belle, dangereuse et malheureuse. Et si le poète insiste tant sur le pouvoir maléfique des yeux c'est parce que le regard est un thème chère à Apollinaire qui pour lui définit la femme. Si la Loreley reste, comme dans le poème de Brentano, une femme victime de son pouvoir, Apollinaire confère au personnage un aspect mythique : la Loreley devient un personnage cosmique, en fusion avec l'univers qui l'environne. [...]
[...] L'hyperbole couplée à l'anaphore du début de phrase au v.20 " mon coeur me fit s'y mal du jour où il s'en alla " met un accent sur sa souffrance. De plus, les assonances en et accentuent les pleurs de la Loreley et l'allitération en lient l'amour et la mort : " Mon amant est parti pour un pays lointain Faites moi donc mourir puisque je n'aime rien Mon coeur me fait si mal il faut bien que je meurs Si je me regardais il faudrait que j'en meurs " L'arrivé de la nacelle semble annoncer sa mort et le vers " mon coeur devient si doux " montre une sorte de libération pour la Loreley. [...]
[...] S'ensuit le récit du procès puis celui de la mort de Loreley. On peut également relever des verbes au passé : " il y avait " v.1 ; " laissait " v.2 ; " la fit citer " v.3, on retrouve donc de l'imparfait de description et du passé simple de valeur semelfactive. Les personnages, les lieux et les éléments magiques sont caractéristiques des contes et l'effet de conte s'accentue notamment avec le champ lexical du merveilleux et de la magie : " une sorcière " v.1 ; " chevalier " v.19, v.25 ; " son beau château " v.26 et le pouvoir surnaturel, maléfique de la jeune femme dont le regard « laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde » v.2 Il y a également le chiffre 3 au v.21 " fit venir trois chevaliers " qui est considéré comme magique et qui est récurrent dans les contes comme par exemples Les Trois Souhaits de Charles Perrault, Boucle d'or et les trois ours ou encore les 3 essais de la reine pour faire mourir Blanche-Neige. [...]
[...] Une femme maudite Cependant si les yeux de la Loreley fascinent, c'est parce qu'ils sont dotés d'un pouvoir maléfique. La Loreley exerce donc un pouvoir en premier lieu surnaturel, comme nous le montre l'interrogation de l'évêque au v.6 « De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie » mais aussi qui est porteur de mort comme le précise le v.2 « Laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde » dont les allitérations en « m » suggèrent l'envoûtement. La Loreley admet cette sorcellerie « mes yeux sont maudits » et précise même « Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri ». [...]
[...] De la même manière, il renouvelle les caractéristiques de la créature légendaire. Parfois, pour illustrer le sens du poème, on peut voir que la longueur du mètre varie, généralement il y a 12 ou 14 syllabes, ces vers sont donc isométriques. Le vers 20 « Mon cœur me fit si mal du jour où il s'en alla » comporte ainsi 13 syllabes, brisant la régularité du poème comme le cœur de la jeune femme est brisé. Le vers 26 « La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres » comporte 16 syllabes et suggère le grandissement surnaturel du personnage, tandis que le retour à l'alexandrin régulier dans les cinq derniers distiques souligne une harmonie retrouvée. [...]
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