La laitière et le pot au lait appartient au Livre VII des Fables. L'animal n'est plus ici le personnage central du récit : Dans « La Laitière et le Pot au lait », La Fontaine met en scène Perrette, jeune laitière qui se rend à la ville afin de vendre du lait. Sur le chemin, elle rêve de tout ce qu'elle pourrait acheter avec la recette de cette vente. Cependant, elle tombe et entraîne dans sa chute le pot au lait et ses espoirs de fortune. Nous nous demanderons, ainsi, en quoi, malgré son apparente condamnation, La Fontaine fait-il l'éloge de l'imagination. Pour cela, nous verrons, dans un premier mouvement, l'agilité de Perrette du vers 1 à 11, l'imagination de Perrette et ses conséquences du vers 12 à 29 et la morale inattendue du vers 30 à 43.
[...] Obnubilée par l'argent comme le met en exergue le champ lexical du gain : « Comptait » « prix » « argent » elle se laisse emportée par sa rêverie et pense aux bénéfices de ses investissements en témoigne la gradation ascendante : un cent d'œuf, faisait triple couvée » 10) II/ L'imagination de Perrette et ses conséquences 12 à 29) Le rêve de Perrette grandit dans ce second mouvement. Pour montrer les excès de son imagination, La Fontaine utilise le discours direct afin de nous donner accès à l'improbable monologue, voire même un soliloque du personnage. La présence de l'adjectif : « facile » : « Il m'est, disait-elle, facile » au vers 12 traduit l'empressement de Perrette qui se projette dans l'avenir alors qu'elle n'a pas encore vendu le lait. [...]
[...] La Fontaine valorise la rêverie parce qu'elle concerne tout le monde. En outre, le deuxième hémistiche du vers 34 : « il n'est rien de plus doux » est une hyperbole qui exprime le fait que le plaisir de l'imagination est si grand qu'il dépasse la désillusion de Perrette. A partir du vers 35, le fabuliste va, donc, faire l'éloge de celle-ci. L'oxymore : « flatteuse erreur » 35) témoigne d'un paradoxe : nous devons nous méfier de l'imagination mais elle n'en demeure pas moins agréable. [...]
[...] Je vais à présent procéder à la lecture L'agilité de 1 à 11) La fable commence par deux vers qui présentent le personnage de Perrette et le Pot au lait comme indissociables. L'accent est immédiatement porté sur le soin avec lequel la jeune femme a installé le Pot au lait sur sa tête en témoigne les deux compléments circonstanciels de manière et de lieu : « Bien posé sur un coussinet » Cependant, le vers 3 crée un effet d'attente grâce au verbe : « prétendait » et fait comprendre au lecteur qu'un évènement inattendu va se produire. [...]
[...] La Fontaine nous propose le personnage de Perrette, prise au piège de son imagination. Cependant, la longue morale qui succède au récit de la jeune femme montre que si l'écrivain invite le lecteur à garder les pieds sur terre, il célèbre également les plaisirs de l'invention. Il faut, de la sorte, trouver l'équilibre entre le rêve et la réalité, entre l'imagination et la pensée. Grâce à un récit et à une morale plaisante, le fabuliste peut faire entendre sa pensée dédicace à Madame de Montespan, favorite de Louis XIV Lecture linéaire L'histoire raconte les malheurs de la jeune laitière Perette. [...]
[...] La gradation : « Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi / On m'élit roi, mon peuple m'aime ; / Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant » 39-40-41) révèle à quel point l'imagination du fabuliste le mène loin jusqu'à penser devenir roi. Comme pour Perrette, le retour à la réalité est brutal pour La Fontaine dans les deux derniers vers. En se comparant à Gros-Jean, personnage stupide, l'auteur indique qu'il est lui-aussi victime de son imagination et invite le lecteur à être indulgent avec Perrette. Cette fable est assez surprenante. [...]
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