L'œuvre aujourd'hui étudiée s'intitule les animaux malades de la peste appartenant au Livre VII des Fables. Ce bestiaire est classé dans un registre comique et didactique, le fabuliste met en scène des animaux frappés par l'épidémie de la peste. Le roi représenté par le lion propose donc que chacun avoue ses fautes pour pouvoir ensuite désigner le plus coupable qui devra se sacrifier afin de calmer l'épidémie. Nous nous demanderons, ainsi, comment une forme divertissante, la fable, permet-elle de porter un regard critique sur la société du XVIIème siècle. Pour cela, nous verrons, dans un premier mouvement, l'atmosphère tragique (v.1 à v.14), puis La satire du pouvoir royal et des courtisans (v.15 à v. 48) et enfin une satire de la justice (v.49 à v.64)
[...] Tous sont coupables mais font en sorte de passer pour innocents. III/ La satire de la justice Le dénouement de la fable montre clairement le fonctionnement de la cour : l'aveu de l'âne, symbole de la naïveté voire de la bêtise, bouc émissaire et victime expiatoire idéale, aux vers 51 à 53, est évidemment mineur si on le compare à celui du roi, « une peccadille » d'après le narrateur, mais jugée par les autres comme « un cas pendable » (v. [...]
[...] de coordination « mais » (v.30) et la conj. de coordination « car » qui apporte une explication hypocrite : « car on doit souhaiter selon toute justice / Que le plus coupable périsse. » (v.33)). Comment un roi, qui ne peut être accusé car il est le plus puissant des animaux, peut-il exiger l'équité ? Les dés sont pipés d'avance. Pour se sauver, les autres n'ont plus qu'à le flatter. La stratégie discursive du lion permet donc au moraliste de faire une satire d'un roi corrompu par l'exercice du pouvoir. [...]
[...] Les autres animaux le craignent). Le discours du lion est empreint d'une grande autorité par l'utilisation mode impératif (v.23), proposition sub. complétive « que le plus coupable périsse » (v.33) qui invite les autres animaux à dénoncer leurs crimes. Il témoigne d'une grande solennité par l'emploi du pluriel de majesté, ainsi le lion apparaît comme un animal noble et digne. Mais cette dignité n'est qu'apparente car le lion est un fin stratège comme le souligne son discours : il invite poliment et noblement ses « chers amis » à « faire état de sa conscience », c'est-à-dire à avouer ses péchés : « j'ai dévoré force moutons. [...]
[...] » La puissance caustique de la fable dépasse celle de la moralité, empreinte d'une certaine prudence oratoire. Dans cette fable, La Fontaine dénonce des dysfonctionnements politiques et sociaux. L'âne, animal faible parce que naïf et innocent, symbolise à lui seul ces dysfonctionnements. Cette fable peut être lue à la fois comme une satire de la cour mais surtout comme une satire de la justice parce qu'elle met en scène un tribunal qui condamne sans appel les plus faibles. Sous couvert d'ironie, le moraliste condamne les abus de pouvoir au XVIIème siècle. [...]
[...] L'heure est grave car un fléau :la Peste, ravage le monde des animaux. La gravité est mise en évidence de plusieurs manières : d'une part, grâce à la personnification du mal (v.4 à v.6 « faisait la guerre ») ; d'autre part, par l'utilisation de la majuscule au mot « Peste » qui confère une dimension allégorique à la fable (la Peste est le symbole d'un châtiment divin qui met à mal les animaux, représentant l'espèce humaine). Le lecteur est plongé dans une atmosphère tragique : le narrateur met en évidence le pouvoir de la peste et suscite chez le lecteur terreur et pitié, comme dans la tragédie antique. [...]
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