Corneille, dans ses discours de 1660, suggère de laisser à la fin de chaque acte le spectateur dans ce qu'il appelle une « agréable suspension » : « il est nécessaire que chaque acte laisse une attente de quelque chose qui se doive faire dans celui qui le suit ». La fin de l'acte constitue donc selon cette définition un moment fort d'une économie de l'insatisfaction. La fin de l'acte IV de Tartuffe reprend précisément ces exigences, en soulevant un certain nombre d'inconnues que l'acte V aura pour fonction de lever. La séquence formée par les scènes 7 et 8 se caractérise par un enchaînement de péripéties. Une première étape dans laquelle Orgon domine le dialogue, manifeste sa lucidité retrouvée et chasse Tartuffe et une deuxième étape dans laquelle Tartuffe reprend l'initiative, menace Orgon et sa famille en rappelant la donation effectuée à la fin de l'acte III et sort sans laisser Orgon reprendre la parole.
[...] La fin de l'acte constitue donc selon cette définition un moment fort d'une économie de l'insatisfaction. La fin de l'acte IV de Tartuffe reprend précisément ces exigences, en soulevant un certain nombre d'inconnues que l'acte V aura pour fonction de lever. La séquence formée par les scènes 7 et 8 se caractérise par un enchaînement de péripéties. Une première étape dans laquelle Orgon domine le dialogue, manifeste sa lucidité retrouvée et chasse Tartuffe et une deuxième étape dans laquelle Tartuffe reprend l'initiative, menace Orgon et sa famille en rappelant la donation effectuée à la fin de l'acte III et sort sans laisser Orgon reprendre la parole. [...]
[...] (2[ème] partie) Ne pouvant plus agir par ruse, Tartuffe agira désormais par force. Le premier hémistiche du v établie un constat sans appel, aussitôt suivi par une série de propositions au futur, lourdes de menaces. Tartuffe cesse de s'adresser à Orgon pour utiliser l'indéfini « on » et la périphrase « ceux qui parlent ici de me faire sortir », un pluriel qui étend la menace à Elmire et la famille d'Orgon. Les pronoms de première personne sont omniprésents dans cette réplique. [...]
[...] Le départ de Tartuffe a donc fait monter brusquement la tension dramatique. La scène 7 est constituée de répliques brèves, au cours desquelles la tension s'accentue encore, venant peindre les inquiétudes des deux protagonistes restés en scène. La mention du rire au v peut avoir une fonction générique (propre au genre de la comédie), indiquant au spectateur une modification du registre et une inflexion de la comédie vers le pathétique. La situation qui, malgré la tension, relevait encore de la farce avec Orgon caché sous la table à l'acte IV, est ici extrêmement dramatique, et la suite de la scène contribue à dramatiser encore les choses. [...]
[...] La donation est enfin évoquée. Mais une menace nouvelle, indépendante de la donation, est évoquée peu à peu, tout d'abord au moyen du déterminant infini et du substantif chose (« quelque autre chose »), à peine précisée, à la suite d'une nouvelle question d'Elmire, par le substantif « cassette », précédé lui aussi d'un déterminant indéfini (« certaine »). La menace que représente cette cassette demeure pour l'heure obscure pour le spectateur, mais la menace s'est dédoublée. La brièveté des répliques peut permettre un jeu de scène haletant, soulignant l'anxiété des deux personnages. [...]
[...] Les vers 1553-1556 montre une répartition de la parole parlante, Tartuffe débutant deux fois une tentative de justification, aussitôt interrompue par Orgon qui utilise deux fins de vers identiques qui commentent l'interruption et dénie à Tartuffe tout droit à la parole (« Allons, point de bruit je vous prie », « Ces discours ne sont plus de saison »), un vers à fonction exhortative. À ce stade, Orgon a donc recouvré une certaine lucidité qui lui donne l'initiative du dialogue et la maîtrise de la situation. Mais Orgon commet une imprudence, comme le soulignera Cléante au v.1599. Son impulsivité engage une réponse de l'imposteur. [...]
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