Analyse (plan détaillé) - Littérature : Jean Cocteau et l'effet de la poésie sur le lecteur.
[...] » Enfin, la notion d'exotisme est implicite, mais non moins significative dans la vision de l'auteur. Cocteau esquisse une critique de l'approche de certains poètes, qui au lieu de tenter de ressusciter la vieille flamme des sensations les plus menacées, celles justement qui font partie de notre quotidien, choisissent la facilité et évoquent « des objets et des sentiments bizarres pour surprendre le dormeur éveillé. » Les exemples ne manquent pas des auteurs choisissant d'évoquer des images exotiques pour ressusciter l'imagination de leurs lecteurs : Baudelaire avec ses visions d'îles, d'océans exotiques, de femmes aux seins lourds mains non moins irréelles, etc. [...]
[...] Avec la familiarité avec son environnement, l'œil ne capte plus qu'une faible proportion de l'information véhiculée par les sens. L'homme devient machine, dépendant d'une mémoire vive, mais qui n'est pas la sensation. A ce stade, analysons les termes clés du sujet. Le premier thème, intrinsèquement lié au rôle de la poésie selon Cocteau est le dévoilement. Cocteau parle de montrer à nues la réalité des choses, d'allumer une lumière propre à secouer la torpeur, laquelle nous rappelle la froide lumière des projecteurs des photographes. [...]
[...] L'ennemi pour Cocteau n'est donc pas les sens, qu'ils soient visuels, auditifs, olfactifs, tactiles. L'ennemi est l'érosion de l'habitude sur les sens, qui fait que le cœur, l'œil glissent sur les choses surprenantes qui environnent l'homme. D'autre part, la perspective de temporalité versus le mouvement est très prononcée dans la vision de la poésie de Cocteau. Celui-ci oppose le quotidien, l'érosion temporelle et inexorable dans le marasme de l'ennui au jour le jour contre le mouvement permis par la poésie, avec « un angle et une vitesse tels qu'il lui paraît le voir et s'en émouvoir pour la première fois. [...]
[...] Dans une perspective négative, l'on perçoit bien combien le dévoilement peut être castrateur, proche d'un viol de la sensibilité du lecteur. L'audience souhaite-t-elle laisser un tel pouvoir au porteur de la plume. Qu'en est-il de sa légitimité ? Si le poète dispose de la liberté d'expression, qui contrôlera le poète ? Par ailleurs, quand bien même l'enregistrement des sens se ferait machinal, ne s'agit-il pas d'un confort ? De l'atteinte d'une sensibilité justement supérieure parce qu'elle n'est plus entachée par l'exigence de l'adaptation perpétuelle. [...]
[...] Rappelons-nous le Sisyphe tels que présentés par Albert Camus. Dans cet essai, Camus affirme que c'est alors que la pierre est retombée au plus bas de la montagne, c'est pendant le retour dont chaque pierre est connue de l'homme qu'il prend conscience de sa condition, qu'il atteint l'apogée de sa condition humaine, concluant qu' « il faut imaginer Sisyphe heureux. » Point n'est besoin de poésie pour extraire Sisyphe de son inexorable sort ; il ne peut de toute manière pas y échapper. [...]
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