Dans cette analyse complète et entièrement rédigée, nous nous demanderons dans quelle mesure Andrea Arnold rend hommage à un roman qu'elle chérit, tout en se concentrant sur un élément sonore et visuel, qui selon elle, compose l'essence du roman : la nature et l'animal.
Nous nous concentrerons d'abord sur les deux différences majeures entre le roman et le film et leurs enjeux concernant le passage de l'écrit à l'écran. Puis, dans un second temps, nous étudierons la façon dont Andrea Arnold montre à l'écran, des personnages animalisés. Enfin, nous verrons, en étudiant une scène en particulier, comment Andrea Arnold respecte l'implicite érotisme du roman, tout en utilisant également le motif animalier.
[...] Dans le film, cette scène est représentée, mais une autre scène ajoutée permet de valider cette lecture. Le spectateur voit Catherine et Heathcliff enfants, tous deux à califourchon sur le dos d'un cheval. Mais très vite, l'image assimile la chevelure de Catherine à la crinière du cheval. La caméra est d'abord placée du point de vue d'Heathcliff dont le regard se perd dans l'épaisse chevelure brune de Catherine qui occupe la totalité du plan, autrement dit, du champ de vision d'Heathcliff. Puis, un autre plan sur la crinière brune du cheval rend le parallèle inévitable. [...]
[...] Les Hauts de Hurlevent, roman d'Emily Brontë (1847), film d'Andrea Arnold (2011) Le célèbre roman d'Emily Brontë a été adapté au cinéma une vingtaine de fois, de façons très diverses puisqu'on peut trouver à la fois une version BBC, une version mexicaine de Luis Bunuel ou encore une version plus teenage movie. Le roman n'en était donc pas à sa première adaptation lorsqu'Andrea Arnold pris la décision d'en proposer une nouvelle version, originale et audacieuse, sortie en 2011. Qu'implique alors cette confrontation entre le texte et l'image ? [...]
[...] À partir de cet élément qui constitue l'ensemble du film, elle met en place des parallèles ou des différences, mais avant tout, elle donne à voir et à entendre sa lecture personnelle du roman. Ce qui l'a marquée, c'est cette atmosphère morose, ce bruit du vent incessant, cette tension palpable et animale entre les deux adolescents. C'est donc à partir de cette lecture qu'elle choisit, en quelques sortes, de « réécrire » le roman, ou du moins, c'est cette lecture qu'elle veut mettre en évidence en bâtissant un film d'atmosphère, ou la photographie ainsi que les sons sont de la plus haute importance. [...]
[...] Heathcliff ne peut manifester cette tendresse à Catherine de manière directe. Tous deux ne sont que des enfants et cette sensualité aurait de quoi déranger. De plus, l'âge de l'enfance est plus à même de rappeler que les deux enfants sont frères et sœurs (Heathcliff ayant été adopté), et l'interdit de l'inceste pèse sur les deux protagonistes qui ne s'avoueront leur amour que bien plus tard. L'exemple de cette adaptation cinématographique est donc riche de significations en ce qu'il dévoile différentes stratégies possibles pour passer de l'écrit à l'écran. [...]
[...] Le tabou de l'inceste est présent en filigrane, mais elle parvient à le faire oublier au lecteur. Andrea Arnold excelle sur ce point. Comme dans le roman, à aucun moment nous ne voyons les deux protagonistes s'embrasser ou avoir une relation sexuelle. Le roman ne mentionne même jamais cela. Si l'adaptation filmique avec Tom Hardy mentionne explicitement que les deux personnages ont fait l'amour, Andrea Arnold choisit de rester implicite, comme l'autrice anglaise du XIXe siècle. Une scène montre bien les implications du changement de medium concernant cet érotisme latent, tout en le liant toujours intrinsèquement à la thématique animale. [...]
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