« Je suis bien curieux de connaître Caloub », Gide trouve une formule astucieuse pour finir les Faux-Monnayeurs. Certes, le roman est fini mais le lecteur a toute latitude pour inventer l'histoire de Caloub. Le principe actif de tout roman est l'imagination du possible. Le génie du roman c'est de faire vivre des possibles. Le roman le plus chargé d'allusions, d'événements et de personnages est toujours habité, en droit, par le génie du possible. Le génie du roman ne fait pas revivre le réel, mais il fait vivre le possible. Pour autant cet imaginaire du possible souvent inspiré du réel ne cesse de se référer au réel, de le regarder, de l'éclairer. Aucun genre, du fait même de l'absence de règles ou de lois pour le constituer, n'est, plus que lui, conduit à faire état de la vie que les hommes vivent. Le roman va de pair avec l'imagination, l'un ne va pas sans l'autre ; pourtant, au XIX siècle, les romanciers naturalistes focalisent leur production sur le réel et seulement sur le réel. Le roman ne fait donc plus vivre le possible mais revivre le réel. Mais en réalité le roman ne traite pas séparément le réel et le génie du possible mais il les amalgame, ainsi il parait possible de dire que le roman fait revivre le réel et vivre le possible.
[...] Zola donne également une description réaliste des mœurs de l'époque, ainsi donne-t-il une descrption crue et réaliste d'un bal populaire dans Germinal Les mères ne se gênaient plus, sortaient des mamelles longues et blondes comme des sacs d'avoines, barbouillant de lait les enfants joufflus. Zola est donc plus un savant qui expérimente dans un laboratoire ses observations qu'un romancier. Il sacrifie lui aussi sur l'autel du réalisme l'imagination du possible. Pour les romanciers réalistes, le but du roman n'est pas de satisfaire l'imagination du lecteur mais bien plutôt de lui donner à lire ce qu'il voit dans sa vie quotidienne. [...]
[...] Le personnage fait le lien entre la fiction et le réel. Ce qui est vrai, ce sont les sentiments du lecteur que des êtres fictifs font naître. Franz Kafka fait évoluer le roman, Milan Kundera dit d'ailleurs dans l'art du roman qu' il parvient à réaliser la fusion du rêve et du réel, le roman est le lieu où l'imagination peut exploser comme dans un rêve et où le roman peut se départir de l'impératif de la vraisemblance. Barbey d'Aurevilly incarne la tentation du mal. [...]
[...] Le roman est un genre sans loi, un parvenu des lettres. Il est difficile de prétendre qu'un roman favorise l'imagination où le réalisme, ce n'est pas le roman qui fait l'époque mais bien l'époque qui fait le roman. Le roman est avant tout une œuvre de circonstance. Accusé d'être immoral au XVIè, le roman est perçu comme un corrupteur des goûts et des mœurs. De tous temps le roman hésite pourtant entre les charmes de l'imagination et un certain souci du réalisme tant dans l‘analyse psychologique que dans la peinture des mœurs. [...]
[...] Mais en réalité le roman ne traite pas séparément le réel et le génie du possible mais il les amalgame, ainsi il parait possible de dire que le roman fait revivre le réel et vivre le possible. Mikhaïl Bakhtine classe le roman en quatre grandes catégories, si le roman d'apprentissage et le roman biographique limitent le possible, l'imagination est bien présente dans le roman de voyage et dans le roman d'épreuves. Certes, le romancier conduit son lecteur d'auberge en auberge comme dans les romans picaresques mais il laisse tout de même une place pour l'imaginaire du possible. [...]
[...] Le génie du roman ne fait pas revivre le réel, mais il fait vivre le possible. Pour autant cet imaginaire du possible souvent inspiré du réel ne cesse de se référer au réel, de le regarder, de l'éclairer. Aucun genre, du fait même de l'absence de règles ou de lois pour le constituer, n'est, plus que lui, conduit à faire état de la vie que les hommes vivent. Le roman va de pair avec l'imagination, l'un ne va pas sans l'autre ; pourtant, au XIX siècle, les romanciers naturalistes focalisent leur production sur le réel et seulement sur le réel. [...]
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