Devoir de littérature sur le thème le Rire et le Sacré : une analyse qui a comme sujet: "La figure du père chez Molière"
[...] De ce fait, il apparaît que la figure du père ne possède pas le monopole du conservatisme et de l'aveuglement : Philaminte joue dans cette pièce un rôle similaire à celui du père de famille traditionnellement représenté dans les comédies de Molière. Sur un registre comparable, le père de famille Gorgibus dans Les précieuses ridicules constitue une figure relativement positive qui, s'il recourt au stratagème de mariage forcé, contribue à rétablir un équilibre face à Magdelon et Cathos qui entendent vivre à la manière des galants de la littérature du siècle passé. [...]
[...] Des pères qui finissent pas céder aux intercessions des valets Mais surtout, le caractère conservateur de la figure du père chez Molière ne constitue pas un élément définitif. Du fait des actions des autres personnages en particulier des enfants aidés par les valets et les laquais les pères de famille sont généralement conduits à revoir leurs positions initiales, de sorte que leur dimension d'opposants cesse généralement au profit de celle d'adjuvant. Ainsi, Organ, dans Le malade imaginaire, obéit aux conseils de Toinette sa servante et se fait passer pour mort, permettant ainsi qu'il découvre l'attachement sincère d'Angélique et la comédie jouée par Béline, sa seconde épouse. [...]
[...] En cela, le rire chez Molière est loin d'être gratuit, même lorsqu'il confine à la farce ou à la bouffonnerie : il s'agit au contraire d'un rire politique, qui constitue de ce fait une contestation universelle de l'autorité abusive et arbitraire. L'interdiction d'un projet de mariage fondé sur l'amour déclenche les intrigues précisément parce qu'elle est présentée et de fait perçue comme injuste. En cela, le père de famille constitue le vecteur (temporaire) de l'injustice de la société dans sa structure la plus élémentaire : la famille. [...]
[...] Or c'est précisément dans cette catégories de personnages que réside le potentiel comique voire bouffon de la pièce, et plus précisément dans leurs interactions avec leurs maîtres, qui se trouvent être les pères de famille. Ainsi, le valet Scapin, qui a été battu par Géronte, se venge de celui-ci au détour d'un service qu'il rend à son maître Octave. Scapin en effet ne se contente pas de soutirer à Géronte la somme d'argent qu'il refuse à son fils, il enferme le vieillard dans un sac et le roue de coups de bâton. [...]
[...] Si la lecture morale des pièces de Molière classe le père de famille du côté de la censure désuète, sa lecture politique permet d'y voir une contestation de l'autoritarisme qu'il représente, bien davantage que de sa fonction de père. Dans cette perspective, le théâtre présente l'intérêt de n'être pas un genre littéraire comme les autres en cela qu'il comporte une dimension scénique. Or c'est précisément cette identité d'art du spectacle qui lui permet de représenter l'autorité contestée, tout en respectant les apparences (le père est finalement réintégré lorsqu'il fait amende honorable). Le père de famille constitue donc chez Molière le support d'un rire créateur : créateur de désordre source du comique, mais surtout créateur de justice. [...]
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