Emission Les Mémoires de Simone de Beauvoir avec Jean-Louis Jeanelle - France Culture (vendredi 18 mai 2018)

Thèmes abordés

Émission Les Mémoires de Simone de Beauvoir, Jean-Louis Jeanelle, France Culture (vendredi 18 mai 2018), autobiographie, Jean-Paul Sartre, formation philosophique, bourgeoisie, Zaza

Résumé du document

Les Mémoires sont publiées dans la bibliothèque de la Pléiade le 17 mai 2018. On supposait que mémoires équivalait autobiographie, mais la différence est très grande. Le titre est ironique : par définition, une jeune fille rangée n'écrit pas des mémoires. Le titre est un peu antiphrastique. On attend d'une femme qu'elle se complaise dans son enfance, Beauvoir non. Elle écrit ce qui se passe pendant la guerre alors qu'elle n'a pas été une résistance, n'a pas été poursuivie. C'est une existence partagée avec ses contemporains.

Extraits

[...] Or les mémoires de Beauvoir sont d'une certaine manière la seule histoire personnelle incarnée de la seconde moitié du siècle (jusqu'à 1970-80). Dimension historique très intéressante. « J'étais très apolitique. ( . ) ensuite à partir de la guerre, j'ai compris que ce qui se passait dans le monde, c'était ma propre histoire, c'était mon affaire. ( . ) plus que tout les années de la guerre d'Algérie dont j'ai beaucoup parlé dans La force des choses. » Extrait de La force de l'âge : idée du bonheur / histoire dans sa vie. [...]

[...] » caractère secondaire de la féminité avant « le deuxième sexe ». Son père lui répétait tout le temps qu'elle avait un cerveau d'homme. Elle le prenait comme une louange, mais c'était ambigu, en même temps un reproche. Beauvoir se pense une égale de ces hommes qu'elle va fréquenter (Merleau- Ponty, Sartre . Elle se donne cette possibilité de vivre à égalité des autres hommes. Neutralisation, non pas la mise de Sartre mais une écrivaine qui a égalité avec lui va faire son œuvres. [...]

[...] Les discussions qu'elle a eues avec Zaza = grands problèmes du quotidien de l'existence étaient évoqués. Ça pouvait aller de l'argot d'étudiante à des styles de langage bcp plus profonds. Très variés. Il y a des moments lyriques et des moments plus réflexifs où l'on sent la philosophe. On a reproché à Simone de ne pas avoir évoqué ses amours lesbiennes. Ce pan- là n'a pas été couché sur le papier. Tout ce qui était essentiel et important, elle en a parlé dans ses mémoires. [...]

[...] Pour son père, la culture chez une femme = un plus pour son mariage et pour briller dans les salons. Quand il a vu qu'elle prenait ses études très au sérieux, il l'a prise pour un bas bleu. Elle ne l'a pas supporté, a pris ça comme une trahison. Finalement, elle a poursuivi ses études contre son père (qui était anti féministe). La décision qu'elle a prise d'entreprendre les mémoires est liée chez elle à un sens très profond du temps. [...]

[...] Les mots de Sartre parus en 1953. Sartre = un homme qui équivaut tous les hommes, égalité radicale avec tout autre individu (existentialisme). Le point essentiel dans le couple Sartre Beauvoir = l'égalité. Beauvoir a relu toutes les œuvres de Sartre, échange tel que toutes les idées de l'un étaient partagées par l'autre. Leurs œuvres se développent l'Une à côté de l'autre sans que l'un prétende dominer l'autre. Sartre a eu besoin de Beauvoir autant qu'elle de Sartre. Aucune rivalité entre eux. [...]