Dossier présentant le cycle de la faim et de la prédation dans Les Fables de la Fontaine. Pour illustrer ce cycle nous avons décidé d'appuyer notre étude sur quatre fables de Jean de La Fontaine :
Le Loup et l'Agneau I.X
Le Coq et le Renard, II, XV
Le Chat et un Vieux Rat, III, XVIII
Le Lion, le Loup et le Renard, VIII, III
[...] La mort et la dévoration ont une dimension hyperbolique, incontournable, obsessionnelle, sans doute en rapport avec les angoisses des contemporains de La Fontaine face à celle-ci. De même, le Chat du Chat et un vieux Rat, est décrit tour à tour comme un Attila et un Alexandre - en quoi le fabuliste fait finement retour sur les animaux qui étaient censés incarner des hommes en les comparant à leur tour à des hommes - avant d'être décrit longuement comme un « exterminateur » : « [ . [...]
[...] Patrick Dandrey va même jusqu'à considérer qu'il y a « dans la langue de La Fontaine une façon de rattraper, de rédimer la prédation universelle », c'est-à-dire de donner du plaisir avec ce qui relève de l'indicible de la mort et du Réel lacanien. Ni uniforme, ni univoque, la faim n'est pas non plus incontournable pourrait-on dire à la lecture de nombreuses fables de La Fontaine. Il existe des parades à la dévoration et le fabuliste vient sagement en délivrer les méthodes et les leçons à son lecteur. [...]
[...] » (III, XVIII, 6-11) Mais cette faim terrible, cette dévoration illimitée sont-elles pour autant condamnées par le fabuliste ? « Malheur à ceux qui ne sont pas en appétit » semble dire La Fontaine selon Patrick Dandrey. La dévoration a sa légitimité, non seulement parce qu'elle permet d'échapper à la faim, donc à la famine et à la mort, mais aussi parce que la gastronomie relève de la barbarie cultivée, en d'autres termes d'un art d'apprêter les cadavres, et d'un plaisir de vivre à travers la mort de l'autre, mais aussi en écartant de l'horizon la mort même. [...]
[...] » XV, 4-11) Le Renard dissimule derrière un discours pacifique et fraternel son désir d'approcher le Coq, qui sur sa branche est hors d'atteinte. Il y a en cas une réflexion de La Fontaine sur la séduction du langage et de l'éloquence (le fabuliste faisant par ailleurs son auto-critique dans Le Pouvoir des Fables) mais aussi une satire des discours mensongers, des traités pacifiques et autres contrats sociaux qui dissimulent des ambitions destructrices (celles-ci étant imagées par le désir de dévoration du Renard envers le Coq). [...]
[...] Ainsi, dans Le Lion et le Rat, le Lion lui-même a besoin d'un « plus petit que soi » pour être délivré des filets où il est captif et de la mort - ou de la captivité humiliante pour le roi des animaux - qui l'attend. Nul, même les prédateurs invétérés tels que le Lion, le Chat, le Loup ou le Rat, n'échappe au cycle qui transforme le prédateur en proie. Que doit-on en comprendre dans la philosophie du fabuliste ? [...]
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