Corpus:
Texte A: « À une dame créole », Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Texte B: « Le beau navire », Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Texte C: « À une passante », Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Question: Quelle place et quelles fonctions la destinatrice féminine occupe-t-elle dans ces trois poèmes?
[...] Ces trois poèmes de Baudelaire adressés à des femmes donnent à voir des portraits différents de femmes. Dans les trois poèmes, la femme fait figure d'interlocutrice absente du poète : qu'il s'agisse dune "passante", d'une "dame" ou même d'un "vaisseau", la femme occupe une fonction d'alter ego à qui le poète adresse son oeuvre. Toutefois, ces identités varient dans les trois poèmes. Dans une dame créole", plusieurs éléments laissent penser que la femme est comparée à une muse. Tout d'abord, la femme est indissociable de la nature, elle est désignée comme une "enchanteresse" semble vivre "sous un dais d'arbres" et le poète évoque pour elle la "verte Loire". [...]
[...] Dans les trois poèmes, la femme occupe la place d'une figure de noblesse ("majestueuse", "noble", etc.) mais qui appartient presque au concept ou à l'inanimé ("enchanteresse", "vaisseau"). Cette identité commune (deux poèmes sur trois désignent la femme comme une "enchanteresse") se décline sous diverses formes : l'amour perdu dans une passante", la muse dans une dame créole" et le corps féminin dans "Le beau navire". Toutes appartiennent au passé et semblent inaccessibles, à l'image d'un navire qui "passe (son) chemin". [...]
[...] Mais surtout, la capacité que lui prête Baudelaire à faire "germer mille sonnets dans le coeur des poètes" confère à la "dame créole" le statut d'inspiratrice de la poésie, c'est-à-dire une fonction de muse. Dans le poème une passante", que le titre et la forme - un sonnet - rapproche du poème de la dame créole, la femme occupe une fonction similaire de figure éloignée dans le temps connu" / "une femme passa"). Toutes deux caractérisées par leur noblesse, ces deux femmes diffèrent toutefois car la "passante" est davatange caractérisée par sa beauté que par son charme : "fugitive beauté" que le poète qualifie "agile et noble", sa comparaison avec une statue la place dans le domaine non pas de l'immatériel mais au contraire du très concret, voire de l'inanimé. [...]
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