Écriture poétique et quête du sens, du Moyen Âge à nos jours (« Ce coeur qui haïssait la guerre », Robert Desnos)
[...] Un paradoxe apparent Un paradoxe est inhérent au double-discours sus-évoqué : le poète utilise un discours lyrique aux accents mélancoliques, faisant ainsi apparaître une posture pacifique. Toutefois, s'y oppose une attitude guerrière marquée par le désir de se battre et une soif de violence qui semble infinie. Cela se traduit également par les différents verbes utilisés : haïr signifie se battre contre quelque chose que l'on déteste, alors que se battre pour . correspond à un sujet que l'on cherche à défendre car on le chérit. [...]
[...] Au vers l'auteur fait une comparaison assimilant le cœur à une cloche, sonnant l'appel des troupes en vue d'un départ au combat : appel pour rassembler toutes les forces en mesure de combattre. De plus, le poète s'adresse directement au lecteur : « écoutez » (vers pour l'interpeller au cours de sa lecture de manière personnelle, et ainsi l'inviter à rejoindre la cause `juste' qu'il défend. Au vers Robert Desnos fait usage d'une double-négation, et ce en vue d'exprimer l'ampleur de la rumeur qui va se répandre. Cet appel à la révolte semble ainsi parfaitement orchestré. [...]
[...] En effet, Robert Desnos essaie de montrer que sans liberté, la vie n'est plus ce qu'elle est. C'est cette logique d'engagement qui pousse d'ailleurs le poète a rédiger un tel texte : pour en partager le sens avec d'autres, et les convaincre de pouvoir vivre leur vie pleinement. C. La visée du poète Un double-objectif apparaît à la faveur d'une lecture attentive du poème : d'abord inciter les lecteurs à s'insurger contre leurs occupants : les Allemands dans le contexte de rédaction du poème. [...]
[...] Robert Desnos se livre tout entier à ces lecteurs. Le champ lexical de la haine (« haïr / salpêtre / haine . ) complète ce caractère personnel. Le poète ne livre pas de choses superficielles, ici, mais le profond de son être, de manière quasi-similaire à une introspection. C'est cette haine qui s'échappe, presque involontairement (il ne la contrôle pas) renforce l'aspect très personnel de l'expression qu'il a à nous donner. Ces sentiments sont graduels : la colère comme la haine ne cessent de monter, jusqu'à l'appel à la révolte (vers 12) et « à la mort d'Hitler et de ses partisans », et ce le jour comme la nuit. [...]
[...] Son engagement personnel devient, au fil des lignes, un appel collectif. Aussi, le poème est construit à la manière d'une démonstration argumentée. La vie de Robert Desnos fut courte : 45 ans (1900-1945). Desnos s'intéresse au dadaïsme avant de se tourner vers le surréalisme. Le journalisme est pour lui, un moyen de s'engager, il continue à y écrire des poèmes. Son œuvre la plus célèbre est Corps et biens (1930). En 1944, il est arrêté par la Gestapo, et déporté en Tchécoslovaquie, où il décède en 1945. [...]
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