Analyse de l'ouvrage de Paul Pierson "Politics in Time", full english text
[...] C'est la raison pour laquelle Politics In Time peut à juste titre être qualifié d'ouvrage ambitieux et provocateur à la fois. Le but de l'auteur n'était pas d'écrire un livre pour les « quantitative scholars », mais comme il l'a dit lui-même clairement : « [for] those interested in the attempt to develop claims about the social world that can potentially reach across space and time ». On peut considérer certains arguments de Paul Pierson comme étant discutables, mais on peut aussi imaginer que l'intention de l'auteur était précisément là : ouvrir un débat sur l'importance de l'aspect temporel en politique et sur la manière de combiner les différentes « écoles » de pensée pour aboutir à de meilleures recherches dans le futur. [...]
[...] L'auteur énumère en effet plusieurs processus qui peuvent entrer en ligne de compte dans l'étude de changements à plus ou moins long-terme : ce qu'il nomme « causes cumulatives » pour commencer, comme par exemple des variables sociales telles que la migration ou les taux d'alphabétisation, qui n'évoluent que très lentement. Il y a aussi les « effets seuil » (exactement comme lors d'une avalanche, « [when] a slow build-up of stress [leads] to a rapid « state change » once some critical level has been reached » p.83). [...]
[...] Une autre limite réside enfin dans le fait que les acteurs politiques eux-même peuvent aussi, tout simplement, évoluer : « the actors who inherit institutional arrangements are not the same as those who designed them ». (p.120). La pertinence de la démonstration menée par Paul Pierson prend finalement tout son sens au dernier chapitre : en effet, après avoir présenté des éléments sur la notion de continuité indispensables à la compréhension des institutions politiques, après avoir insisté sur le fait que les chercheurs qui prônent la méthode « rationnelle » - ceux qu'il nomme également les « quantitative methodologists » - ont une fâcheuse tendance à se focaliser uniquement sur la notion de continuité sans prendre au sérieux la notion de temps, on aurait pu s'attendre (ou même craindre) à ce que l'auteur se transforme finalement en farouche défenseur de ceux qu'il nomme, par opposition aux « quantitative methodologists », les « qualitative scholars ». [...]
[...] L'auteur y examine les concepts de « path dependence » et de « positive feedback ». En utilisant l'exemple de l'urne de Polya, Pierson explique que des évènements se produisant en premier (ou premiers tirages) ont bien plus d'importance que les évènements les plus récents (tirages suivants) : « earlier events matter much more than later ones, and these are processes where history matters »(p.18). Pour définir la notion de « path dependence », il se base sur la définition de Margaret Levi selon laquelle l'ancrage sur un chemin implique un retour en arrière peu probable : « once a country or a region has started down a track, the costs of reversal are very high » (p.20). [...]
[...] Il se peut aussi que ces acteurs politiques n'envisagent les choses qu'à court terme, créant ainsi sur le long-terme des effets indésirables ou alors que leurs préférences évoluent et changent au fur et à mesure que les institutions se stabilisent. Des changements dans un environnement social plus large peuvent également se produire : « [ ] changes within the broader social environment, [ ] long-term, slow-moving social processes that may be of great significance » (p.119) tels que l'auteur l'avait expliqué au troisième chapitre. [...]
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