Eugène Ionesco considère sa première pièce de théâtre La cantatrice chauve comme une antipièce.
[...] et Mme Smith se répondent en imitant leurs gestes comme l'éclaire la répétition de la didascalie : « continuant sa lecture, fait claquer sa langue » (p. Par ailleurs, les didascalies mettent en avant les vides qui ponctuent la conversation ce qui insiste sur la difficulté des personnages à trouver des sujets de discussion comme l'illustre la répétition du terme « silence » : « Un autre moment de silence. La pendule sonne sept fois. Silence. La pendule sonne trois fois. Silence. La pendule ne sonne aucune fois. » (p. [...]
[...] La répétition à outrance de l'expression « Comme c'est curieux » 10) illustre l'impasse de la situation et du langage. Cette rencontre absurde n'est qu'un prétexte pour parler. Le spectateur se rend bien compte progressivement que les personnages comme leurs propos sont interchangeables ce qui produit un effet de nonsense. Les mots des personnages sont prononcés de façon arbitraire et perdent peu à peu tout sens au point de devenir une incontrôlable logorrhée comme l'illustrent ces stichomythies à la fin de la pièce (p. 35) : « Mme. [...]
[...] MARTIN Bouge pas la babouche M. SMITH Touche la mouche, mouche pas la touche. Mme. MARTIN La mouche bouge. » L'absurdité qui nait de la rupture entre le signifiant et le signifié entraine une incompréhension réciproque de la part des personnages. Les assonances en et dans ce passage montre que le langage est réduit au simple jeu sonore ou délire verbal. Les personnages continuent à se parler comme si les mots demeuraient leur seul et unique lien. La dernière didascalie nous informe que la pièce recommence avec les mêmes mots. [...]
[...] Eugène Ionesco considère sa première pièce de théâtre La cantatrice chauve comme une antipièce. L'idée lui est venue quand il s'est mis à utiliser la méthode Assimil pour apprendre l'anglais. Il s'est rendu compte que le langage fonctionnait à vide, coupé de toute référence. Cette œuvre publiée par le collège de Pataphysique en 1950 s'inscrit dans le théâtre de l'absurde. Ionesco démonte à la fois les lois de la dramaturgie classique en exhibant les ficelles de l'illusion théâtrale et met en avant les limites voire les impossibilités de la communication par le langage. [...]
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